Adrianus Koetsenruijter

Ambassadeur, chef de la délégation de la Commission européenne à Tunis

Publié le 23 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Chef de la délégation de la Commission européenne à Tunis depuis le mois de février, le Néerlandais Adrianus Koetsenruijter, 54 ans, a une longue expérience de la coopération européenne avec les pays du Sud (Amérique latine, Afrique-Caraïbes-Pacifique). Spécialiste en économie du développement, c’est avec un regard d’expert qu’il évalue les effets de la zone de libre-échange (ZLE) Tunisie-Union européenne (UE).

Jeune Afrique : Votre arrivée à Tunis, en février dernier, coïncide avec l’achèvement du démantèlement douanier pour les produits industriels. Quel premier bilan en tirez-vous ?
Adrianus Koetsenruijter : Nous pouvons déjà dire que la Tunisie est capable – et n’a pas peur – de se confronter à la concurrence. C’est un pays relativement ouvert et qui sait qu’il a tout à gagner du libre-échange. La Tunisie n’a pas beaucoup de ressources naturelles mais peut compter sur ses ressources humaines pour intégrer facilement l’économie mondiale.

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Certains observateurs estiment que les performances économiques de la Tunisie ne sont pas directement imputables à la ZLE
Je veux bien admettre que le libre-échange ne constitue pas une solution à tous les problèmes. Mais je suis sûr que, sans cet accord d’association passé avec l’UE, les résultats économiques de la Tunisie ne seraient pas aussi bons. De nombreux économistes s’accordent à dire que la ZLE a eu des effets indirects sur les réformes de libéralisation économique et commerciale engagées par le pays. On peut également affirmer que les exportations et les importations de la Tunisie ont davantage augmenté que la croissance de son PIB. Ces dix dernières années, le libre accès à un marché européen de 500 millions de consommateurs a servi de levier aux entreprises tunisiennes, qui y ont saisi les opportunités d’affaires. Les échanges entre la Tunisie et l’UE ont plus que doublé depuis les débuts de la ZLE, passant de 8 milliards d’euros en 1996 à plus de 16 milliards d’euros en 2006. L’intégration, c’est plus de défis et d’obligations.

Nous sommes en 2008. Que reste-t-il à faire ?
L’UE et le gouvernement tunisien ont entamé, au mois de février, les négociations sur les produits agricoles et les services. L’objectif est d’étendre la libéralisation des produits agricoles, agroalimentaires et de la pêche.
Quels en sont les enjeux en matière de produits agricoles ?
Les produits agricoles sont toujours sensibles, pour chacune des parties. Du côté européen, nous sommes ouverts à une libéralisation totale, tant en termes de produits que de mesures. Mais, comme cela s’est fait dans les négociations précédentes, il faut s’attendre à ce qu’on donne aux produits tunisiens plus de temps pour s’adapter et intégrer ensuite le marché européen.

Pensez-vous que vous pourrez parvenir à un accord en 2010, année butoir pour la ZLE ?
Nous tâcherons de respecter nos objectifs. Mais la libéralisation peut s’échelonner dans le temps, selon un agenda à établir.

Et après, à quoi ressemblera la ZLE ?
Nous sommes aussi en train de voir comment intégrer l’industrie tunisienne dans l’acquis communautaire. Nous avons, par exemple, un accord avec trois secteurs d’activités tunisiens, pour qu’ils s’alignent totalement sur les normes européennes. C’est une expérience importante parce qu’elle permettra aux entreprises tunisiennes d’exporter sous le label « made in Euro-Med ». L’objectif est, qu’à la fin, grâce à un approfondissement et à une dynamisation des échanges de produits industriels, par une plus forte convergence réglementaire et institutionnelle, la Tunisie dispose d’ouvertures pour entrer dans l’Europe.

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