Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 23 janvier 2005 Lecture : 6 minutes.

Mbeki, digne successeur de Mandela
Lorsque Thabo Mbeki est arrivé au pouvoir en Afrique du Sud, d’aucuns pensaient qu’il aurait du mal à s’imposer sur la scène politique nationale et internationale, eu égard à l’empreinte et aux actions de son illustre prédécesseur Nelson Mandela. En effet, ce mythe vivant qu’est Mandela a tellement oeuvré pour la paix dans son pays et en Afrique qu’il était bien difficile pour son successeur de se faire une place. Cependant, Thabo Mbeki est devenu un acteur incontournable dans la gestion des conflits que vit actuellement notre continent (Côte d’Ivoire, RDC, entre autres). Il a, par ailleurs, su montrer que la langue n’est pas une barrière pour atteindre ses objectifs : l’issue prometteuse de sa médiation dans le conflit ivoirien le prouve. Même si Nelson Mandela reste incomparable, Thabo Mbeki s’est déjà fait un nom sur l’échiquier international ! C’est un grand honneur pour l’Afrique !

Palestine : qui a peur de la paix ?
Après l’espoir suscité par la formation d’un gouvernement israélien avec la participation des travaillistes, puis par l’élection de Mahmoud Abbas à la tête de l’Autorité palestinienne, l’attentat-suicide perpétré le 13 janvier nous rappelle qu’il y a des ennemis de la paix. Quel peut être l’objectif des groupes radicaux, sinon d’empêcher la reprise des négociations israélo-palestiniennes ? Après avoir boycotté l’élection présidentielle, ils ont refusé la trêve proposée par le nouveau président. Ces violences nuisent à la cause palestinienne et éloignent la perspective de création d’un État palestinien. Cet État démocratique une fois créé, ces groupes n’auront plus de raison d’être. Il n’est donc pas exagéré de se demander s’ils souhaitent vraiment le voir naître dans un proche avenir ?

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Solidarité sida
Qui n’a pas été touché par le raz-de-marée qui a frappé l’Asie du Sud-Est, le 26 décembre 2004, et fait des centaines de milliers de morts et de disparus, et des millions de personnes déplacées ? Face à cette catastrophe, présentée comme la plus dévastatrice des temps modernes, seule une mobilisation mondiale peut apporter aux victimes un peu de réconfort. Jamais une cause n’avait tant mobilisé en si peu de temps. Cette réaction perdurera-t-elle ? Seul l’avenir nous le dira. Mais à quand une « solidarité mondialisée » de même ampleur pour lutter contre le sida ?

Pourquoi les caisses de la Camair sont vides
Dans l’édition n° 2296 de votre revue, dans la rubrique « Ils ont dit », vous avez bien voulu citer mes propos au sujet des difficultés de trésorerie de Cameroon Airlines. Sans renier ces propos, je souhaiterais les préciser.
Nous sommes obligés de prélever une partie de nos recettes courantes pour régler des dépenses relevant des exercices antérieurs. Il s’agit en particulier :
– des sommes prélevées par les banquiers en réduction des découverts bancaires ;
– des échéances d’amortissement des créances des fournisseurs et prestataires.
Ces ponctions réduisent les revenus affectés aux dépenses courantes et créent une tension de trésorerie permanente. C’est pourquoi les caisses sont vides, ce qui n’implique pas nécessairement une exploitation déficitaire.

Haïti, la RDC et l’ONU
Malgré déboires et échecs, on peut reconnaître aux Nations unies certains mérites, parmi lesquels l’organisation et la supervision d’élections. Haïti en est un exemple. La situation de ce petit pays peut être, mutatis mutandis, comparée avec celle de la République démocratique du Congo (RDC). La crise de confiance entre les acteurs politiques impliqués dans le processus de transition rend impossible l’organisation d’élections crédibles, seule façon de sortir de la crise actuelle. Comme en Haïti en 1990, c’est au chef de l’État de prendre la responsabilité de faire appel aux Nations unies. Dans le cas de la RDC, une mission est déjà sur place, disposant de moyens logistiques énormes. La machine onusienne est bien rodée, j’en ai été témoin à Haïti. L’un des obstacles à anticiper est sans doute l’attitude des acteurs politiques. Officiellement, ils disent vouloir aller aux élections. Beaucoup de compatriotes congolais et d’observateurs internationaux en doutent. En acceptant l’intervention des Nations unies, ils nous donneraient la preuve de leur bonne foi. Y sont-ils prêts ?

Amnistier l’apartheid
Le titre du livre de Philippe-Joseph Salazar est bien Amnistier l’apartheid (éditions du Seuil) et non « administrer » comme nous l’avons malencontreusement écrit (voir J.A.I. n° 2288 p. 93). Que l’auteur et nos lecteurs veuillent bien nous en excuser.

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Cabral, mort pour rien ?
Je voudrais rendre hommage à ce digne fils du continent, Amilcar Cabral, assassiné à Conakry le 20 janvier 1973. Homme de conviction, il n’a pas hésité à abandonner sa prometteuse carrière d’agronome au Portugal pour mener la lutte de libération, en Guinée-Bissau et dans les îles du Cap-Vert, se muant en stratège politico-militaire servi par un sens diplomatique remarquable. Si Cabral a laissé ses vrais héritiers au Cap-Vert, lesquels y militent toujours pour la reconstruction nationale, en Guinée-Bissau, en revanche, les continuateurs des rêves d’Abel Djassi (nom de guerre de Cabral) se sont mus en fossoyeurs de la république. Titina Sylla, Domingos Ramos, Justino Vieira ont payé de leur vie un rêve qui a cessé d’exister.

Ghana : élection exemplaire
Je suis déçu de ne pas avoir lu dans vos colonnes un commentaire des résultats de l’élection présidentielle au Ghana, en décembre 2004. Cet événement était très important pour nous, résidents du Ghana, mais aussi pour l’ensemble de la sous- région, surtout au regard des événements de Côte d’Ivoire. Comme elles se sont bien déroulées, nous les considérons comme exemplaires.
Réponse : Ce n’est que partie remise. Nous reviendrons, assez longuement, sur le Ghana dans un numéro prochain.

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Reportage objectif
L’exercice auquel s’est livré François Soudan (J.A.I. n° 2292) mérite une mention particulière. Arriver à nous brosser un tableau objectif de l’ensemble de la politique camerounaise, en n’épargnant personne, sans égratigner l’un ou l’autre des protagonistes, il fallait le faire. Dans ce type d’article, grande est la tentation de prendre parti au risque de fausser le point de vue du lectorat. L’auteur a su, en bon professionnel qu’il est, éviter ce piège.

Justice pour les Congolais
Preuves à l’appui, la presse a montré le martyre du peuple de République démocratique du Congo. Massacres de civils, viols à grande échelle dont sont victimes les fillettes de 2 ans comme les femmes de 60 ans, enfants-soldats et pillages en tout genre. Tous victimes de la guerre dite de libération, du jamais vu, même au temps de Mobutu Sese Seko.
Tout se passe comme si la justice internationale n’existait pas. La méfiance des Congolais vis-à-vis de la mission des Nations unies (Monuc) n’a d’égale que le manque d’humanité de ses soldats vis-à-vis des populations qu’ils sont censés protéger.
Milosevic est en jugement. Papon paie pour les crimes qu’il a commis pendant l’occupation de la France, à quand la justice pour les Congolais ?

Les paradoxes de l’Union africaine
Le sommet des chefs d’État membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), tenu à Libreville le 10 janvier, a abouti à un curieux paradoxe : l’éventualité d’un référendum en Côte d’Ivoire sur la délicate question de l’article 35, qui régit les conditions d’éligibilité. Tout démocrate devrait se réjouir d’une telle conclusion, mais la situation ivoirienne est si complexe qu’il faut plutôt s’en inquiéter. La division entre ressortissants du Nord et du Sud est si forte, les pièces d’identité si rares, une telle consultation si coûteuse, que cette décision semble plutôt annoncer une catastrophe, sans compter qu’elle va inutilement exacerber les tensions. Il serait bien naïf de croire qu’une simple consigne de vote peut amener des militants du FPI (ex-allié et actuel adversaire du RDR) et même ceux du PDCI (ex-adversaire et actuel allié du RDR) à voter en faveur d’un « oui », qui ouvrirait la voie à un adversaire réputé redoutable. Alors, nouvelle impasse ?

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