Quand Philips rééduque les Chinois…
Publié le 23 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.
Lasse de voir ses produits copiés et sa marque « détournée » par d’astucieux hommes d’affaires chinois – qui opèrent parfois sous le nom de Bhilips, Filips ou Philip sans s -, la multinationale d’Eindhoven a décidé de ne plus se cantonner à une approche strictement juridique. Elle veut maintenant rééduquer les Chinois.
Le problème de la contrefaçon en Chine n’est pas nouveau. On connaît l’histoire du fabricant européen de machines-outils qui avait exposé sa dernière production dans une foire commerciale à Shanghai. Au cours du voyage en conteneur, la machine avait été légèrement endommagée. L’année suivante, le fabricant avait trouvé un peu partout des copies de sa création, made in China, avec les mêmes bosses et les mêmes éraflures que l’original…
Le problème semble être culturel. Les sinisants mentionnent parfois un proverbe chinois – un vrai, celui-là – qu’on pourrait traduire par « mieux vaut bien copier que mal inventer ». Philips, qui a investi 3,5 milliards de dollars en Chine, ne semble pas se résigner à ce fatalisme culturel. C’est pourquoi l’entreprise d’Eindhoven a fondé l’Intellectual Property Academy dont l’objectif est de propager dans les universités et parmi les hommes d’affaires le concept de propriété intellectuelle. Il est même question d’un service téléphonique d’assistance dont pourraient bénéficier en priorité les agents des douanes.
Pékin a réagi avec enthousiasme à l’initiative de Philips. Cela peut paraître surprenant, mais en fait, cela reflète la cohérence de sa vision à long terme. Si l’économie chinoise est aujourd’hui portée par le couplage dynamique entre technologies étrangères et main-d’oeuvre locale à bon marché, elle devra tôt ou tard connaître la même évolution que le Japon ou la Corée du Sud, c’est-à-dire passer à l’invention et au développement local de produits à haute valeur ajoutée. Et à ce moment-là, ce sont les Chinois qui devront se protéger contre la contrefaçon. Autant former dès aujourd’hui les spécialistes de la propriété intellectuelle qui défendront demain l’industrie de leur pays.
