L’horreur manipulée ?

Quatre ans après la mort en direct du petit Mohamed al-Dura dans les bras de son père, à Netzarim, dans la bande de Gaza, les images de ce crime, partiellement diffusées sur France 2, continuent de soulever de nombreuses questions.

Publié le 23 janvier 2005 Lecture : 13 minutes.

Le cauchemar. Le 30 septembre 2000, en fin de matinée, Jamal al-Dura quitte le camp de réfugiés d’al-Bureij pour aller s’acheter une voiture d’occasion à Gaza. Il emmène Mohamed, son fils de 12 ans. Les garages étant fermés, ils prennent un taxi pour rentrer. À 2 km de chez eux, un barrage de l’armée israélienne les oblige à continuer à pied. Nous sommes le surlendemain de la flambée de violence provoquée dans les Territoires occupés par la visite d’Ariel Sharon, alors chef du Likoud, sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, au deuxième jour de l’Intifada Al-Aqsa qui marque le début de la lutte armée des Palestiniens, et en pleine fête de Roch Hachana, le nouvel an juif.
Lieu symbolique de l’occupation à Gaza, Netzarim est, depuis le matin, le théâtre d’incidents graves. Il ne s’agit pas seulement des habituels échanges de pierres, de cocktails Molotov, de balles en caoutchouc et de grenades lacrymogènes : une véritable fusillade éclate alors que Mohamed et Jamal s’apprêtent à traverser. Rafales de kalachnikov contre M16 israéliens. Le père et l’enfant se réfugient à l’abri d’un baril de ciment surmonté d’un bloc de pierre, le long d’un petit mur en béton. Pendant près de trois quarts d’heure, blottis l’un contre l’autre, ils vont attendre que les tirs cessent.
La suite, on la découvrira dans un document de cinquante-cinq secondes diffusé dans le journal du soir de France 2. Les tirs se rapprochent. Une rafale crible le muret, un nuage de poussière et de fumée s’élève. L’enfant est touché. Jamal agite le bras, hurle, tente de couvrir de son corps le corps de son petit garçon, implore les meurtriers. Mais Mohamed s’écroule, face contre terre, la main devant les yeux. Puis son père s’effondre à son tour. « Coupez ! » On n’en verra pas davantage. Charles Enderlin, le correspondant permanent de France 2 en Israël, prononce à l’antenne le commentaire suivant : « Ici, Jamal et son fils Mohamed sont la cible des tirs venus des positions israéliennes. Mohamed a 12 ans ; son père tente de le protéger. Il fait des signes, mais une nouvelle rafale… Mohamed est mort, et son père gravement blessé. »

Le choc. Les images de France 2 sont projetées en boucle sur les télévisions arabes. Gratuitement, puisque l’accord de la chaîne a été obtenu pour que la rediffusion du film ne s’accompagne d’aucune rémunération. Ne serait-il pas indigne de chercher à gagner de l’argent avec un tel drame ?
Instantanément, l’enfant martyr devient une légende dans les pays arabes. On le représente dans des émissions de télévision, des manuels scolaires, sur des timbres-poste et des tee-shirts. Jacques Chirac apostrophe le Premier ministre israélien Ehoud Barak à son sujet. Shimon Pérès avoue sur une radio française que « ce meurtre est une catastrophe pour chacun de nous », tandis que Bill Clinton formule ses « profonds regrets ». Mahmoud Darwich compose un poème à la mémoire d’un « oiseau terrorisé par l’enfer tombant du ciel », abattu à bout portant.
Ailleurs, c’est la haine qui déferle. L’enfant devient un symbole de la bestialité « des Juifs qui l’ont assassiné ». Le désir de vengeance est tel qu’on ira jusqu’à attribuer à la mort de Mohamed la responsabilité indirecte d’un autre massacre : celui des militaires israéliens lynchés à Ramallah, moins de deux semaines plus tard. Et, au-delà, on fera de cet enfant, pure figure de l’innocence, la torche qui contribuera à enflammer la seconde Intifada.

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Le consensus. Le mardi 3 octobre, l’armée israélienne elle-même, par la voix du général Giora Eiland, n’est pas loin de reconnaître ses torts. Tsahal admet qu’une erreur commise par ses hommes est « plausible », dans des conditions de visibilité restreintes. Ce même jour, le cameraman Talal Abou Rahma, un opérateur free-lance de la télévision palestinienne qui a l’habitude de travailler pour France 2, témoigne sous serment devant un avocat du Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR), à Gaza. C’est lui, dissimulé derrière une camionnette, qui a tourné les vingt-sept minutes d’images – les rushes – à partir desquelles le court film a été monté. Il a tout vu : malgré l’intensité de la fusillade, les deux victimes n’ont pu être atteintes que par des balles tirées « de l’avant-poste israélien, […] intentionnellement et de sang-froid ».
Enderlin, à ce moment, ne se trouvait pas sur place, mais à Ramallah, d’où il « entendait les balles siffler au téléphone » en appelant le cameraman. Il a pris possession du film dans l’après-midi – après que CNN, à qui Abou Rahma l’avait proposé, eut demandé des garanties supplémentaires – afin de le transmettre à sa rédaction parisienne, formaté, monté et agrémenté de sa voix off.

Les premiers soupçons. Trois jours après le drame, la messe paraissait donc être dite. C’était compter sans la mise en route de l’impressionnant processus de « déconstruction » des images de ce reportage par la Metula News Agency (Mena), une agence de presse internationale et francophone basée dans un village du nord d’Israël et gérée à partir du Luxembourg. Constituée d’une « mosaïque d’analystes et de commentateurs » animés par un souci commun de « réinformation », la Mena s’efforce de contribuer au « rééquilibrage des informations erronées ou tronquées qui parviennent à l’étranger sur ce qui se passe chez nous ». Sa spécialité, selon ses animateurs : l’analyse des reportages de proximité. Pour les Palestiniens, bien sûr, ce n’est que de la propagande israélienne…
Première anomalie relevée : un film tiré de l’événement par la télévision palestinienne reprend les images diffusées par France 2 en les « complétant » par l’insertion de plans, de provenances diverses, montrant à l’écran ce qui manque dans le document initial : des soldats israéliens faisant usage de leurs armes. Pourquoi un tel trucage a-t-il été nécessaire alors que la responsabilité des Israéliens semblait évidente ? Et pourquoi aucun autre cameraman n’a-t-il filmé la scène, alors que plusieurs dizaines d’entre eux se trouvaient sur place, ce jour-là ?
Ensuite, les enquêteurs de l’armée israélienne progressent. Vérifications faites, il leur apparaît que les lois de la balistique disculpent totalement leurs hommes. De là où ils étaient postés, ces derniers auraient été incapables d’atteindre le père et son enfant, qui, derrière leur baril, avaient su se mettre efficacement à couvert. D’où, peut-être, la relative décontraction dont les futures victimes ont fait preuve jusqu’au moment des premiers impacts. Et leur surprise évidente lorsque ceux-ci se sont produits.
En outre, au moment où Jamal se met à hurler, on voit des trous apparaître sur le mur de béton derrière lui : ils sont creusés par une rafale. Or personne ne conteste que les Israéliens, ce jour-là, tiraient exclusivement au coup par coup. Plus étrange encore : la forme ronde et régulière des impacts visibles à l’image implique un tir frontal, à partir d’un endroit situé derrière le cameraman. S’il était provenu des Israéliens, qui, placés latéralement à plus de cent mètres de là, auraient néanmoins réussi à toucher cette cible, leurs balles auraient forcément griffé le béton, en y arrachant des éclats et en dessinant des traces plus allongées.
Les divergences entre le témoignage du père de Mohamed, qui affirme que son fils a été atteint dans le dos, et le constat de l’Autorité palestinienne, faisant état d’une blessure mortelle à l’abdomen, ajoutent à la confusion.
Bref, il s’avère que l’origine des tirs est loin d’être aussi évidente qu’il y paraissait. C’est à cette même conclusion que parvient la journaliste Esther Schapira, auteur en mars 2002 d’un reportage pour la télévision allemande ARD. On souligne alors combien cette réalisatrice est proche des services de communication de Tsahal…
Enfin, deux ans après son témoignage sous serment devant le PCHR de Gaza, Abou Rahma se rétracte par un courrier adressé à France 2 Jérusalem (qui n’en fera état que bien plus tard) : « Je n’ai jamais dit à l’Organisation palestinienne des droits de l’homme que les Israéliens avaient tué intentionnellement ou en connaissance de cause Mohamed al-Dura et blessé son père. »

Les preuves. Effacées ou seulement indisponibles, elles brillent par leur absence. Comme si, en cette affaire, chacun avait voulu faire le vide autour de l’acte incriminé. Et rendre impossible une reconstitution des faits.
Une semaine après le drame, l’armée israélienne a en effet rasé tous les bâtiments environnant le carrefour, faisant disparaître les « pièces à conviction » : le muret et le baril derrière lesquels les victimes s’étaient abritées. Explication officielle : les troubles et les tirs n’avaient pas cessé dans cette zone, obligeant les Israéliens à ravitailler les colons par hélicoptère. Il était urgent de « nettoyer » le site. Certes. Mais, du coup, les calculs balistiques ont dû être faits à partir de photos aériennes. De même pour l’étude des impacts dans le béton, qui n’ont été analysés que sur écran.
Pas plus coopératifs, les Palestiniens n’ont jamais accepté que le petit martyr, enterré quelques heures seulement après sa mort conformément à la tradition musulmane, subisse l’autopsie qui aurait définitivement levé les doutes en permettant de reconnaître le corps et d’identifier les balles – calibre 5,56 des M16 israéliens ou 7,62 des « kalachs » palestiniens.
Jamal a, quant à lui, d’abord refusé d’être soigné dans un hôpital israélien, comme le lui proposait son ancien patron (qui l’avait employé, quinze ans durant, à Tel-Aviv, comme peintre et menuisier), avant d’écarter toute consultation chez un médecin légiste extérieur au conflit. Il s’est contenté de se déshabiller, quatre ans plus tard, devant la caméra d’Abou Rahma pour montrer ses cicatrices, ce qui ne fournit pas, à l’évidence, les mêmes informations qu’un diagnostic médical établi sur un patient en chair et en os.
D’une manière générale, la bande de Gaza, en pleine Intifada, n’offre pas des conditions très propices à des investigations sereines. Surtout à Netzarim, compte tenu du climat d’extrême tension qui y règne. En l’absence de preuves matérielles, il ne reste donc plus que la pellicule. Rien que des films, mais tous les films. Et ce sont ceux-ci qui posent, aujourd’hui, de nouvelles questions.

L’imposture ? Si l’on s’en tient à l’analyse des cinquante-cinq secondes du reportage diffusé au soir même du drame, un certain nombre de « faits troublants » ont été relevés par divers enquêteurs. Un livre écrit par le psychanalyste Gérard Huber (Contre-expertise d’une mise en scène, Éd. Raphaël, 2003) a tenté d’en faire la somme :
– Deux médecins palestiniens de l’hôpital Shifa, à Gaza, ont déclaré qu’on leur avait apporté le cadavre du petit Mohamed avant 13 heures. Or la longueur des ombres apparaissant à l’image confirme les propos d’Enderlin : la fusillade fatale a eu lieu au plus tôt à 15 heures.
– Selon le physicien Nahum Shahaf, spécialiste du guidage des missiles pour l’armée israélienne et collaborateur de la Mena, les balles à haute vélocité des M16 n’auraient pas manqué de faire gicler le sang lors de l’impact. Il n’en a rien été. Comme tout un chacun, Shahaf a noté l’absence de sang sur le maillot blanc du père, qui déclare pourtant avoir été atteint par huit balles (dont une à l’épaule droite). Pas davantage de traces visibles sur le corps et les vêtements de l’enfant tué à l’écran, ce qui contraste avec les terribles blessures apparentes sur les photos du (même ?) petit cadavre prises à la morgue de l’hôpital. En revanche, la tache rouge qui s’étale sous le corps de Mohamed semble se déplacer, ce qui peut faire penser qu’il s’agit d’une étoffe.
– Ces mêmes enquêteurs affirment que les derniers mouvements filmés de l’enfant ne sont pas ceux d’une agonie : on le voit les genoux pliés, puis soulever le coude, sa main devant les yeux. Le momentum de la mort n’est pas filmé puisque le reportage s’interrompt avant qu’elle survienne. Il reprend ensuite sur une image fixe du « cadavre ».
D’où la nécessité d’aller au-delà de cette séquence. On pense d’abord aux vidéos des opérateurs palestiniens présents en nombre sur les lieux. Aucune, on l’a dit, n’a suivi de bout en bout cet épisode. Toutes, en revanche, ont enregistré la confusion aux abords du carrefour, et les mouvements de flux et de reflux accompagnant les affrontements. À aucun moment, la fusillade ne paraît avoir cloué au sol les participants : Jamal et Mohamed sont visiblement les seuls à être restés aussi longtemps terrés au même endroit. On observe aussi des échanges détendus entre certains Palestiniens et les preneurs d’images. Il semble même que la scène d’une victime chargée dans une ambulance ait été jouée, « comme au cinéma » : la blessure « change de côté » entre le moment l’homme tombe et celui, quelques secondes plus tard, où il est transporté dans le véhicule en se tenant l’autre jambe. Shahaf affirme que « sur l’un de ces rushes, on distingue parfaitement qu’Abou Rahma participe au tournage de l’une de ces saynètes ».
Restent les vingt-sept minutes filmées par ce même Abou Rahma et jamais projetées. Si Enderlin, au risque d’être accusé de faire obstacle à la recherche de la vérité, en avait privé les téléspectateurs, c’était, selon lui, pour leur épargner les images atroces des derniers instants de l’enfant (Télérama, 25 octobre 2000). Dont acte.
Contacté par nos soins, Charles Enderlin s’en est expliqué en déclarant « qu’il n’y a jamais eu une enquête en bonne et due forme de la part de l’armée israélienne. […] À plusieurs reprises, j’ai répondu à des personnes, qui se présentaient au téléphone comme des militaires, que France 2 était prête à envisager la participation à une enquête si on nous en faisait la demande. Jamais nous n’avons reçu de réponse de la part des autorités israéliennes. » Un simple « vice de forme », invoqué pour justifier la protection des sources ?
Au mois de novembre dernier, après moult péripéties, l’embargo a enfin été levé. Dans le film que France 2 a accepté de présenter à la presse dans son intégralité ne figure cependant aucun élément nouveau de nature à dissiper les doutes pesant désormais sur ce reportage. Ni l’horreur des derniers instants de l’enfant, dont le corps semble, au contraire, avoir changé de position après sa mort annoncée. Ni un quelconque indice confirmant la responsabilité des soldats israéliens. Ni la démonstration irréfutable que les cicatrices du père n’auraient pas été causées par d’anciennes blessures, plusieurs années auparavant, alors que ses relations avec les Palestiniens – qui l’ont accusé de trafic de drogue et d’entretenir des relations trop étroites avec l’occupant israélien – étaient loin d’être au beau fixe. Ni l’explication concernant la présence, à l’image, d’un pied de caméra coûteux resté posé à côté des futures victimes, du type de ceux que l’on utilise pour un tournage, et non pour un reportage. Ni les éclaircissements attendus à propos de la mort d’un ambulancier tué avant d’avoir pu aller chercher les victimes, ce qui permettrait de comprendre pourquoi leur évacuation n’a été filmée ni par Abou Rahma ni par qui que ce soit. Ni même, enfin, la certitude que le petit Mohamed fût bien celui dont la dépouille avait été photographiée ce même jour à l’hôpital de Gaza.

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La polémique. Un peu plus de quatre années après ce jour où Béatrice Schoenberg mit en garde les téléspectateurs contre la présentation d’un reportage « éprouvant » au « 20 heures » de France 2, les camps qui s’affrontent ont durci leurs positions.
D’une part, la chaîne française, son PDG, Marc Tessier, et sa directrice de l’information, Arlette Chabot, font bloc autour de leur correspondant à Jérusalem, Charles Enderlin, et de ce qui apparaît maintenant comme « sa version » des faits. Ce dernier, dans un courriel qu’il nous a adressé le 1er décembre 2004, dénonce « une campagne destinée à faire pression sur France 2 et les médias qui couvrent le conflit au Proche-Orient… Elle a pour objectif la décrédibilisation du travail des correspondants français sur place ».
Pour mettre fin aux accusations de « mise en scène » dont ses journalistes sont l’objet, France 2 a donc décidé de déposer des plaintes contre X en diffamation publique visant tous ceux – depuis la Metula News Agency jusqu’aux multiples sites « justiciers » sur Internet – qui l’accuseraient d’avoir diffusé un faux le 30 septembre 2000. À ce jour, aucune plainte n’a toutefois été notifiée.
D’autre part, ceux qui avaient, dans un premier temps, seulement cherché à établir l’identité de l’auteur des tirs sont désormais persuadés qu’ils ont mis le doigt sur une imposture télévisée de première grandeur, à l’instar des charniers de Timisoara lors de la chute du dictateur roumain Ceausescu, en 1989.
Pour résumer la position commune de la Mena et des contre-experts : l’ensemble de l’épisode aurait été un montage de la propagande palestinienne ; Mohamed al-Dura ne serait pas mort et ce ne serait donc pas lui qui a été photographié à l’hôpital ; les cicatrices exhibées du père – qui vit toujours à Gaza – seraient le fait d’anciennes blessures ; enfin, toute l’opération aurait été orchestrée par les mêmes services de propagande qui ont valu en 2002 au « mort » palestinien de Jénine, tombé de sa civière, d’y remonter par ses propres moyens !
Charles Enderlin ne souhaite plus, aujourd’hui, s’exprimer sur cette affaire, renvoyant au service d’information de France 2. Lequel est resté muet, malgré plusieurs tentatives de notre part pour obtenir un rendez-vous. En Israël, l’épisode semble « classé » : chacun campe sur ses positions, qui suivent la ligne de clivage israélo-palestinienne. « L’autre » est d’emblée soupçonné du pire sans qu’il soit nécessaire de le prouver ou même d’argumenter.
En revanche, la presse américaine qui s’était jusqu’ici montrée discrète sur les diverses tentatives de « décryptage » de ce film, s’intéresse depuis peu à l’affaire. Après les élections palestiniennes, ce « dossier » pourrait peut-être conforter les positions modérées du nouvel élu, en lui apportant, à défaut des preuves suffisantes, la conviction que les Israéliens méritent d’être exonérés de l’un, au moins, des crimes de guerre qu’on leur impute…

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