Michael J. Andrew : « En Afrique, nos activités progressent de 15 % à 20 % par an »

Le cabinet international se tourne vers le continent pour échapper à la crise qui sévit en Occident. En jouant des spécificités de chaque région, mais avec une vision globale, précise le patron australien.

Le dirigeant, 56 ans, est basé à Hong Kong. © Rob Henderson

Le dirigeant, 56 ans, est basé à Hong Kong. © Rob Henderson

Publié le 29 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

L’Australien Michael J. Andrew dirige KPMG depuis dix-huit mois. Installé à Hong Kong, ce fiscaliste de formation est l’un des premiers patrons des « big four », les quatre plus grands cabinets d’expertise comptable et d’audit, à être basé hors des États-Unis. De passage à Lagos, il a livré à Jeune Afrique quelques éléments sur l’implantation de KPMG sur les marchés à fort taux de croissance. Notamment le continent, où le cabinet emploie 6 569 professionnels et a réalisé l’année dernière 416 millions d’euros de chiffre d’affaires. Objectif : mettre en oeuvre une stratégie globale, allant de l’audit au conseil.

Jeune Afrique : Dans un contexte déprimé en Europe et aux États-Unis, l’Afrique maintient un taux de croissance important. Quels sont les axes stratégiques de KPMG ?

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Michael J. Andrew : Compte tenu de la faible croissance en Europe, nous devons investir sur des marchés émergents à la croissance significative, tels que le continent. En Afrique, nous progressons en moyenne de 15 % à 20 % minimum, ce qui permettra de doubler le chiffre d’affaires en quatre ou cinq ans. Nos prévisions pour la zone francophone – hors Maghreb – sont de l’ordre de 46 millions d’euros en 2013, soit une croissance énorme de 53 %. Les pays les plus importants sont inclus dans notre programme Project Africa. La partie francophone dirigée par Jean-Luc Ruelle compte quatorze bureaux, et l’activité se développe à un rythme satisfaisant. On porte sur le continent un regard similaire à celui que l’on avait sur l’Asie il y a dix ans en termes de démographie, de ressources et de perspectives d’évolution des systèmes financiers. Tout cela devrait assurer une croissance pendant deux décennies. Les multinationales voient en particulier un intérêt au continent dans les biens de consommation, les services financiers, l’énergie et les mines.

Comment tirez-vous votre épingle du jeu face à la crise ?

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Les entreprises réduisent leurs coûts, les gouvernements mettent en place des mesures d’austérité, il y a très peu d’introductions en Bourse et moins d’opérations de fusion-acquisition. Nous recherchons des opportunités sur de nouveaux marchés et développons des solutions adaptées à ce contexte.

Dans la zone francophone, hors Maghreb, nous prévoyons une croissance moyenne de 26%.

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Comment jugez-vous l’expansion de l’activité de conseil ?

Elle a un potentiel énorme en Afrique. Les entreprises et les gouvernements ont besoin de compétences internationales si elles veulent implanter, développer et transformer leurs activités sur le continent et emprunter sur les marchés financiers. Des besoins existent aussi en matière de gouvernance et d’optimisation des coûts. La chaîne d’approvisionnement et la fonction finance seront critiques. Au Nigeria, où le marché financier est développé, les honoraires de l’activité conseil sont supérieurs à ceux de l’audit.

Avez-vous des exemples ?

Le secteur des infrastructures représente une part significative de nos activités conseil. Nos spécialistes mondiaux interviennent dans les PPP [partenariats public-privé, NDLR], le conseil au secteur public et les financements de projets. Au Nigeria, nous conseillons le Lagos State Public-Private Partnership Office sur un projet de plus de 500 millions de dollars [plus de 384 millions d’euros] la route Lagos-Ikorodu. En Guinée, nous avons travaillé sur le cadastre minier. En Côte d’Ivoire, nous espérons appuyer le gouvernement dans la privatisation des banques publiques. Et nous allons ouvrir un troisième bureau en RD Congo, à Goma, pour travailler dans le domaine minier. Nous suivons également un projet de RER au Maroc et le dossier concession et exploitation de l’aéroport Bamako-Sénou, au Mali. Nous intervenons aussi dans la structuration urbaine, la réalisation des axes de transport, les chemins de fer. En Inde, nous travaillons sur le Mumbai Corridor, et, bien sûr, nous conseillons certains États africains francophones sur leurs programmes d’infrastructure.

KPMG a-t-il une stratégie pour la zone francophone et une autre pour la partie anglophone ?

Nous avons une stratégie globale, qui répond à deux objectifs. D’abord, posséder des compétences panafricaines dans les principaux secteurs : la finance, les ressources naturelles et les télécommunications, afin de répondre rapidement aux demandes les plus techniques. Ensuite, chaque région – francophone, lusophone ou anglophone – définit sa propre stratégie en y intégrant les spécificités des pays. L’approche panafricaine combinée à une vision par régions permet de mieux appréhender les choses, dans un contexte où les ressources sont rares et doivent être, autant que possible, mutualisées.

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