Maroc : Gemadec cible le Moyen-Orient
Appels d’offres numériques, signatures électroniques, cartes biométriques… Spécialisée dans l’expertise de documents, la PME déjà bien implantée en Afrique cible à présent le Moyen-Orient.
«Une telle longévité est rare dans notre métier. C’est un signe de confiance envers nos produits de la part de nos clients. » Touhami Rabii, PDG de Gemadec, a de quoi se réjouir. Fondée en 1977, la société marocaine est toujours là trente-cinq ans plus tard. Et, forte d’un chiffre d’affaires réalisé à 40 % à l’international, elle multiplie les contrats en Afrique. Spécialisée dans l’expertise documentaire, Gemadec « suit le cycle de vie d’un document de sa naissance à sa destruction », dans trois métiers distincts. Historiquement, la gestion et la dématérialisation de documents pour les administrations et les banques constituaient la base de ses activités. Mais en 2005, avec l’arrivée de Touhami Rabii aux commandes, Gemadec prend un virage plus innovant. Et dès l’année suivante, la compagnie accélère le rythme dans son activité de courrier hybride. Ce mélange de correspondance classique et de messages électroniques permet de convertir des données numériques en documents papier et vice versa.
En 2007, Abdelhaq el-Andaloussi, son actionnaire historique, se retire et laisse la place au fonds d’investissement AM Invest Morocco, qui compte à son tour de table Attijariwafa Bank, AXA Maroc ou encore la Société nationale d’investissement (SNI). Il est géré par la société Atlamed. « Le fonds nous a donné de la crédibilité. Cela nous a permis de nous structurer en termes de croissance, de patrimoine et de gestion », souligne Touhami Rabii, qui a pris à cette occasion 10 % du capital. Deux ans plus tard, Gemadec investit le marché de la biométrie, qui représente désormais 40 % de ses revenus. Ceux-ci, bien que modestes encore (8 millions d’euros), ont crû de 15 % à 20 % par an ces dernières années. Et ce malgré une stagnation en 2012, due à plusieurs facteurs : la crise ivoirienne, le ralentissement au Maroc et les difficultés en Tunisie notamment.
Trois axes de travail
« Nous proposons nos services de dématérialisation documentaire aux administrations pour qu’elles gèrent leurs archives plus facilement, avec une meilleure traçabilité et plus de transparence », affirme Touhami Rabii, le PDG de Gemadec. « Notre fierté est de moderniser le service public en Afrique. »
Le courrier hybride, lui, permet aux clients ?de la société d’économiser du papier et du temps. Le 20 décembre2012, Gemadec, qui travaille notamment avec la poste allemande (Deutsche Post) depuis 2003, a signé un contrat pour prendre en charge la correspondance du Congo. « Nous sommes capables de gérer des milliards de courriers », assure Touhami Rabii.
Dans la biométrie, son métier le plus récent, Gemadec vient « de terminer le recensement biométrique des fonctionnaires au Burkina Faso, après avoir recueilli leurs empreintes digitales ». L’entreprise est « en train d’imprimer les cartes biométriques à Ouagadougou avant de les distribuer à leurs titulaires », détaille le PDG. Un marché de plus après ceux décrochés, dans le même domaine, en Côte d’Ivoire et au Gabon. R.B.
Diversification
Présente dans 22 pays, Gemadec a créé une filiale à Dakar en 2008 pour se rapprocher de ses clients d’Afrique de l’Ouest, région de première importance pour la société. À présent, elle souhaite trouver des relais de croissance ailleurs dans le monde, notamment au Moyen-Orient – elle est d’ailleurs déjà implantée en Arabie saoudite. Des négociations sont en cours avec une grande poste de la région, sans que l’on en sache plus, pour des raisons de confidentialité.
Afin de se diversifier, Gemadec se développe également dans l’authentification de documents numériques et la signature électronique. L’objectif étant d’identifier à distance des contrats ou des appels d’offres, par exemple. « Nous devons innover et toujours évoluer. Nos solutions sont différentes par rapport à il y a cinq ans et elles le seront aussi d’ici à trois ans », affirme Touhami Rabii.
Face à des concurrents beaucoup plus gros comme l’australien PrintSoft ou l’italien Elsag Datamat, Gemadec met en avant sa réactivité en consacrant près de 15 % de son chiffre d’affaires à la recherche et au développement. Les contrats de maintenance lui assurent par ailleurs des revenus réguliers : 15 % à 20 % des 8 millions d’euros collectés l’année dernière. D’ici à 2015, ces contrats devraient représenter 30 % du chiffre d’affaires. Les principaux manageurs se disent prêts à relever ces défis. Ils devraient d’ailleurs détenir bientôt entre 35 % et 40 % des parts de la société, à la faveur d’une sortie partielle du fonds AM Invest Morocco.
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