Zoellick à la relance

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.

Robert Zoellick, le nouveau président de la Banque mondiale, n’a pas failli à sa réputation d’homme pressé. Trois mois après sa nomination, il a profité des réunions d’automne de la Banque, du 17 au 22 octobre à Washington, pour relancer l’activité de son institution, quasi paralysée par l’affaire de népotisme qui, le 1er juillet, a contraint au départ Paul Wolfowitz, son prédécesseur.
Il a proposé aux 185 États membres six priorités, au premier rang desquelles l’Afrique. Mais il se garde bien de mettre tous les pays du continent dans le même panier et distingue :
L’Afrique pauvre (17 pays, 36 % de la population et 5,5 % de croissance annuelle moyenne), pour laquelle la Banque devra privilégier les infrastructures, la mobilisation de l’épargne nationale et « une nouvelle révolution verte », autrement dit agricole.
L’Afrique pétrolière et minière (8 pays, 29 % de la population et 7,4 % de croissance annuelle moyenne), qui bénéficiera d’une aide pour améliorer sa gouvernance et mettre sur pied des services publics efficaces, moins gangrenés par la corruption.

Le deuxième objectif de Zoellick est la reconstruction des pays sortant d’un conflit armé, tels le Kosovo, le Liberia ou la RD Congo. La Banque participera au rétablissement de la sécurité, au retour des réfugiés et à la mise en place d’un cadre politique et économique.
Le président n’oublie pas pour autant les pays émergents, son troisième axe d’action. Plus question d’imposer des recettes toutes faites à des pays qui, tels le Brésil ou l’Afrique du Sud, disposent des capitaux et des hommes indispensables à leur développement. La Banque leur proposera des « menus » de solutions économiques et sociales, ainsi que des montages financiers souples pour diminuer les risques et attirer les capitaux étrangers.
Les « biens publics mondiaux », à commencer par le climat, constitue la quatrième grande préoccupation de Zoellick, qui fourmille par exemple d’idées pour lutter contre le réchauffement : financement de centrales à charbon « propres », protection des littoraux contre la montée des océans, gestion de fonds carbone, etc.
Cinquième priorité, le monde arabe, que le président juge « riche en ressources énergétiques et en capitaux, mais économiquement peu diversifié et peu créateur d’emplois ». Il souhaite que la Banque y participe à l’amélioration du climat des affaires et de la gouvernance, ce qui facilitera la création d’entreprises privées et donc d’emplois.

la suite après cette publicité

Enfin, Zoellick assigne une sixième mission à ses « troupes ». Il entend que la Banque conforte sa prééminence mondiale en matière d’études et de statistiques consacrées au développement, phénomène mystérieux dont personne n’a encore trouvé la recette.
À cette stratégie en bonne et due forme, il a ajouté, le 19 octobre, une touche inédite en remettant à l’honneur l’agriculture. Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, le rapport annuel que la Banque consacre au développement mondial fait une place de choix à ce secteur délaissé tant par ses propres experts que par les gouvernements des pays concernés, tous n’ayant d’yeux que pour l’industrialisation, l’éducation et la santé. Il relève que les trois quarts des pauvres de la planète vivent dans des zones rurales qui ne bénéficient que de 4 % de l’aide totale.
Cette inégalité de traitement est d’autant plus aberrante que, comme le note Zoellick, « la croissance du revenu agricole est quatre fois plus efficace pour faire reculer la pauvreté que celle des autres secteurs ». Il appelle donc à la mise en place d’un « plan d’action dynamique » qui « accorde une plus grande importance à l’agriculture, à tous les niveaux ». Le champ d’action est immense et concerne aussi bien l’accès à l’eau, la sélection des semences et la rotation des cultures que l’éducation des agriculteurs, la modernisation du marché foncier et l’organisation des transports. L’amélioration du sort des 900 millions de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour en dépend.

En comparaison de cette renaissance de la Banque, le Fonds monétaire international a, au même moment, donné l’impression d’être englué dans une réforme destinée à donner plus de poids aux pays en développement. Aucune avancée notable n’a été annoncée en matière d’augmentation des droits de vote de pays comme le Brésil, Singapour ou l’Inde. L’entrée en fonction de son nouveau directeur général, Dominique Strauss-Kahn, le 1er novembre, suffira-t-elle à accélérer la remise à neuf attendue ?

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires