Solide comme un Baobab

Le groupe sénégalais Orchestra Baobab confirme son grand retour sur la scène musicale internationale avec son dernier album, Made in Dakar.

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 3 minutes.

En baptisant leur formation Orchestra Baobab en 1970, Oumar Baro Ndiaye, Rudy Gomis, Barthélemy Attisso et Balla Sidibé n’imaginaient probablement pas que le groupe traverserait les époques sans prendre une ride. Orchestra Baobab est aujourd’hui l’un des rares survivants de la vague mbalax, une musique typiquement sénégalaise qui accorde une grande place aux percussions et qui a submergé le pays au début des années 1980. Tout comme l’arbre dont on dit qu’il est millénaire, Orchestra Baobab est devenu un symbole de longévité.

Après une absence de quinze ans qui avait fini par convaincre les fans les moins optimistes que le groupe ne remonterait jamais sur les scènes sénégalaises et a fortiori internationales, Baobab, ainsi que tout le monde l’appelle, est devenu au cours des dernières années un ambassadeur inattendu de la musique afro-cubaine. Six ans après Specialists in all Styles, nommé aux Grammy Awards américains de 2001 et qui avait marqué le retour du groupe, les « anciens » reviennent, ce 11 octobre, avec Made in Dakar. Les deux albums ont été produits par le Britannique Nick Gold. Comme l’opus précédent, Made in Dakar enchantera certainement les nostalgiques des folles nuits dakaroises des années 1970 et séduira les mélomanes. Car si les onze titres, parmi lesquels une reprise du tube « Nijaay » en duo avec Youssou Ndour, sont riches d’une multitude de sons, rythmes, harmonies et mélodies, ils n’en sont pas moins sobres. Les roulements du tama (petite percussion) et les sabar (rythme traditionnel) apportent une touche bien sénégalaise, sans gêner les timbales ni les maracas. Les chants rappelant souvent les envolées des griots mandingues se posent harmonieusement sur la musique d’où s’échappent par-ci par-là un solo de guitare, des notes de saxophone
Ironie du destin, le grand retour de Baobab est en partie dû au roi du mbalax Youssou Ndour qui, en 2001, a servi de relais entre Nick Gold et les musiciens de la formation. Chacun de son côté animait des soirées de variété dans des hôtels. Balla Sidibé se souvient qu’il ne pensait pas que l’entrée dans le iiie millénaire coïnciderait avec la renaissance de Baobab. « C’est extraordinaire, s’exclame Papa Balla, comme le surnomment affectueusement nombre de musiciens. Quand nous nous sommes retrouvés pour répéter et que nous avons pris nos instruments, c’est comme si nous n’avions jamais cessé de jouer ensemble. C’était magique. » Admiré par plusieurs générations d’artistes, Baobab a conservé toute sa fraîcheur et vient d’intégrer un nouveau membre, le jeune Assane Mboup, qui s’est fait connaître vers la fin des années 1990 avec son tube « Coco bané ». « Il reprend merveilleusement bien les textes chantés à l’origine par Laye Mboup [décédé en 1976, Ndlr]. » Les deux chanteurs ont le même patronyme, mais aucun lien de parenté. Peut-être est-ce un autre signe de la providence. En tout cas, Assane se dit enchanté d’avoir été choisi et de pouvoir bénéficier aujourd’hui de l’expérience des « anciens ».

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Orchestra Baobab apportera, cet automne, un peu de chaleur aux mélomanes européens. Le groupe sera en effet en tournée dans plusieurs pays (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas) à partir du mois de novembre. En France, un concert est notamment prévu le 8, à l’Élysée Montmartre, à Paris. Pour l’instant aucune tournée africaine n’est programmée. Cependant, dès son retour au pays de la Téranga (« hospitalité », en wolof), Baobab retrouvera à Dakar la scène du Just 4 U, un club branché de la capitale sénégalaise.

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