3 questions à Osange Kieffer

Épouse du journaliste franco-canadien disparu à Abidjan en 2004

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

L’enquête sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, le 16 avril 2004 à Abidjan, semble avancer. Le 17 octobre, Jean-Tony Oulaï, un ancien militaire ivoirien, a été arrêté à Paris. Depuis le 13 janvier 2006, il était mis en examen pour « enlèvement » et « séquestration ». Osange Kieffer, l’épouse de Guy-André, réagit.

Jeune Afrique : Pourquoi Jean-Tony Oulaï a-t-il été arrêté ?
Osange Kieffer : Parce que, depuis deux mois, il ne répondait plus aux convocations du juge Ramaël et pouvait donc disparaître dans la nature. Aujourd’hui, son ancien chauffeur, Berté Seydou, l’accuse d’avoir dirigé le commando qui aurait abattu mon mari. C’est un témoin très intéressant, mais, pour moi, ce n’est pas un témoin clé. J’en ai tellement entendu depuis trois ans que je ne veux pas nourrir de faux espoirs.
En fait, je pense que Jean-Tony Oulaï n’est pas le principal protagoniste de l’affaire. Ce dernier ne peut être que quelqu’un qui, à l’époque, disposait d’assez d’argent pour payer les quatre hommes qui ont enlevé Guy-André, et qui, aujourd’hui, est encore suffisamment craint pour que personne ne parle. Car vous savez, un Blanc de 1,86 m, ça ne passe pas inaperçu à Abidjan ! Je ne crois pas que le président Gbagbo soit directement lié à l’enlèvement de Guy-André. Ça ne me paraît pas logique. Je pense plutôt à des gens qui gravitent autour de la présidence.

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Le 17 octobre, sur la RTI, le chef de l’État a jugé « immoral » qu’on associe sa famille à l’affaire Kieffer, et a ajouté : « On a parlé de Michel Legré, mais Michel Legré n’a jamais donné de noms »
Je me demande pourquoi Laurent Gbagbo ne dit pas la vérité. On sait bien que Michel Legré, son beau-frère, a donné les noms de certaines personnes. Sinon, le juge Ramaël ne les aurait pas interrogées à Abidjan !
Quand il dit à Jeune Afrique [le 16 septembre 2007, NDLR] qu’il n’a vu Guy-André que deux fois dans sa vie, ce n’est pas exact, puisque les deux hommes se tutoyaient. On ne tutoie pas quelqu’un qu’on n’a vu que deux fois ! Et surtout pas mon époux, qui n’avait pas le tutoiement facile. Je sais qu’à deux reprises au moins, en 2003, Paul Bohoun Bouabré, le ministre des Finances, a réclamé l’expulsion de Guy-André et que Gbagbo s’y est opposé. C’est donc qu’il le connaissait. Chaque fois qu’on l’interroge sur ce dossier, il introduit une contre-vérité. C’est comme s’il voulait faire diversion pour nous empêcher d’arriver au but.

Le 23 août dernier, vous avez été reçue en compagnie des deux frères de Guy-André Kieffer par le président Nicolas Sarkozy. Cela a-t-il été utile ?
Je le crois, oui. Ce qui m’a étonnée, c’est que, pour une fois, j’étais en face de quelqu’un qui avait pris connaissance du dossier. Il nous a fait quelques promesses, je ne peux pas vous dire lesquelles, et j’espère qu’il les tiendra. Je sens aussi que cette rencontre a fait réagir le président Gbagbo. Depuis, il s’est exprimé deux fois sur ce dossier. Je suis allée en Côte d’Ivoire en mai 2004, et là, je me dis qu’il faut que j’y retourne.

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