Pèlerinage à ouaga

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

En attendant l’hypothétique inauguration d’un mausolée Thomas Sankara, dont la construction est à l’ordre du jour depuis 2000, la date du 28 décembre 2005 reste comme celle d’une petite révolution dans les rues de Ouaga. Dix-huit ans, deux mois et treize jours après l’arrivée au pouvoir du président Blaise Compaoré, un premier hommage officiel était rendu à son prédécesseur : une avenue Thomas-Sankara a vu le jour à Ouagadougou Jusque-là, en effet, les autorités de la IVe République s’étaient bien gardées de placarder sur une artère de la ville un patronyme devenu tabou.
Cette inauguration a relégué au second plan les rares infrastructures qui, dans la capitale, évoquent encore l’ère révolutionnaire. Le stade du 4-Août et le rond-point du 2-Octobre – en souvenir du 4 août et du 2 octobre 1983, dates du renversement du président Jean-Baptiste Ouédraogo et du discours d’orientation politique prononcé par son successeur -, tout comme l’avenue de la Révolution, ont perdu la connotation qu’on pouvait leur prêter. Les appellations des cités de l’An-II et de l’An-III relèvent désormais du folklore révolutionnaire. En ville, l’avenue du Burkina Faso rappelle la décision du Conseil national de la révolution de rebaptiser la Haute-Volta pour s’affranchir de tout héritage colonial, la rue Joseph-Sambo-Sankara honore la mémoire du père de l’ex-président, et le rond-point de la Bataille-du-Rail évoque la mobilisation décrétée en février 1985 pour la construction du chemin de fer Ouaga-Kaya. Mais ces évocations du passé, aujourd’hui, passent complètement inaperçues. En fait, seul le cimetière de Dagnoën (au nord-est de la ville), où est enterré l’ancien chef du 31e régiment commando de Pô, fait encore figure de sulfureuse adresse. Et encore
Pour les mouvements sankaristes toutefois, le baptême d’une avenue Thomas-Sankara n’a rien d’une consécration. Il est intervenu dans le cadre d’une cérémonie pendant laquelle cinq rues ont été simultanément rebaptisées, du nom des cinq anciens chefs d’État du Burkina. Et après que plusieurs voies baptisées sous la période révolutionnaire ont changé de nom. Pour Malick Sawadogo, député de l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste, « la priorité, c’est la réhabilitation de Thomas Sankara. Ce qui ne peut se limiter à un simple édifice portant son nom. »

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