Mugabe in, Brown out

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

A elles deux, l’Union africaine et l’Union européenne comptent quelque quatre-vingts pays et près de 1,5 milliard d’habitants, soit le quart environ de la population mondiale. Et il suffit d’une simple brouille historico-diplomatique entre le Royaume-Uni et le Zimbabwe pour empêcher depuis cinq ans la tenue d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement des deux ensembles !
Cette absurdité va prendre fin : malgré l’absence annoncée de Gordon Brown, le Premier ministre britannique, la grand-messe africano-européenne se tiendra les 8 et 9 décembre à Lisbonne. Robert Mugabe, qui, comme plus d’une centaine de caciques de son régime, est interdit de séjour sur le territoire européen depuis 2002, recevra d’ici à la fin de ce mois, grâce à une procédure exceptionnelle, une invitation. Les dirigeants africains avaient été très clairs : si Mugabe n’était pas invité, un grand nombre d’entre eux boycotteraient le sommet.
Pourquoi les Européens ont-ils fini par céder ? À Bruxelles, on explique que, depuis cinq ans, le monde a changé. Et que trois problèmes majeurs – l’immigration, l’énergie et le changement climatique – n’ont aucune chance de trouver une solution si l’Afrique n’est pas associée à leur règlement. Sans doute. Mais il ne fait aucun doute que l’apparition de nouveaux acteurs – pour ne pas dire de concurrents – sur la scène africaine inquiète l’Europe et met en péril son influence historique. On ne compte plus, en effet, les réunions internationales auxquelles les dirigeants africains ont participé – ou le feront au cours des prochains mois : Pékin (novembre 2006), Tokyo (mai 2008), Abuja (avec l’Amérique latine, novembre 2006), Pretoria (entre l’Afrique du Sud, le Brésil et l’Inde, ce mois-ci)…
Brown lui-même a fait savoir à la Commission européenne qu’il tenait à ce que le sommet ait lieu et qu’il n’appellerait pas à un boycottage général. ?Seules la République tchèque, la Finlande et la Suède ont émis de sérieux doutes quant à leur participation. Angela Merkel, la chancelière allemande, ne fait pas de l’absence ou de la présence de Mugabe une question de principe, tandis que les autorités françaises ont fait savoir que Nicolas Sarkozy se rendrait à Lisbonne.
En échange de leur acquiescement tacite à la tenue du sommet, les Britanniques ont obtenu que la question des droits de l’homme soit officiellement soulevée, en présence de tous les chefs d’État. Certains Européens osent même espérer que, fort du soutien des Occidentaux, des leaders africains oseront élever la voix contre l’homme fort d’Harare En attendant, dans les chancelleries, on s’efforce d’obtenir que Mugabe n’ait pas droit à une ovation lors de son entrée dans la salle des réunions.

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