Le retour des parias

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le renouvellement de cinq membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU a fait, le 16 octobre, sensation. La compétition est en effet de plus en plus vive entre ceux (75 pays) qui n’ont jamais été membres de cette instance et ceux qui ne se lassent pas de l’être. Parmi les éternels absents figurent Israël et l’Arabie saoudite, qui n’ont jamais osé présenter leur candidature par crainte qu’elle ne soit rejetée. Pour la plupart des autres, c’est avant tout une question d’ambition, de savoir-faire diplomatique et de moyens financiers. Car il faut beaucoup d’argent pour financer une campagne « électorale » de plusieurs mois et conquérir la majorité requise des deux tiers des voix à l’Assemblée générale (128 sur 192). C’est ce qu’entreprend actuellement l’Islande, qui souhaite faire, pour la première fois, son entrée au Conseil le 1er janvier 2009, pour un mandat de deux ans. Elle devra pour cela devancer l’Autriche (déjà deux participations) et la Turquie (trois participations). Verdict en octobre 2008.
On se souvient qu’en octobre et novembre 2006 une lutte épique avait opposé le Venezuela au Panamá, ce dernier étant soutenu à bras-le-corps par les États-Unis. Après 47 tours de scrutins, le président Hugo Chávez avait fini par céder et le Panamá avait été élu. Rien de tel cette année : la raison a prévalu et les États-Unis n’ont pas tenté de barrer la route à qui que ce soit. Il y avait sept candidats pour cinq postes : trois (Libye, Burkina et Vietnam) pour trois postes dans le groupe Asie-Afrique ; deux (Croatie et République tchèque) pour un poste dans le groupe Europe de l’Est ; et deux également (Costa Rica et République dominicaine) pour un poste dans le groupe Amérique latine et Caraïbes. La République tchèque et la République dominicaine ont tenu deux tours avant de se retirer, sous les applaudissements.
L’élection du Burkina n’a posé aucune difficulté : il s’est imposé au 1er tour de scrutin avec 185 voix sur 190 exprimées. En revanche, on attendait avec curiosité les résultats de la Libye et du Vietnam. L’administration américaine ayant enterré avec eux la hache de guerre, ces deux pays ont été désignés sans problème : 183 voix pour le premier, 178 pour le second. Le Vietnam fera donc, le 1er janvier, son entrée au Conseil de sécurité, trente-trois ans après la fin de la guerre avec les États-Unis. Quant à la Libye, elle revient de loin.
Après une participation sans relief (1976-1977), cette dernière a plusieurs fois tenté de se faire réélire, mais le vote unanime des Africains n’a pas pesé lourd face au veto américain, notamment en 1995 et 2003. Elle a donc multiplié les concessions pour obtenir la levée des sanctions onusiennes et américaines : renonciation au terrorisme et au financement des groupes rebelles, destruction de ses stocks d’armes chimiques, remise aux États-Unis de tout le matériel nucléaire acheté clandestinement, dédommagement des victimes de l’attentat de Lockerbie (2,7 milliards de dollars), rétrocession des permis pétroliers aux compagnies américaines expulsées en 1986
Avant le vote du 16 octobre, les Libyens se sont résignés à retirer la plainte qu’ils avaient déposée devant le Conseil, en avril 1986, suite au bombardement par les États-Unis de Benghazi et de la résidence de Mouammar Kadhafi, à Tripoli.

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