Centenaire(s)

Publié le 22 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

À la mi-novembre, Kigali va fêter son centenaire. Mais tout le monde ne partage pas l’enthousiasme suscité par cette commémoration. Une voix au moins, celle de l’intellectuelle Rose-Marie Mukarutabana, s’est élevée, à l’annonce de la décision municipale, pour la critiquer.
Non sans diplomatie, cette spécialiste de la littérature orale rwandaise indique qu’une telle initiative est « la bienvenue » dans la mesure où elle permet de rappeler l’origine de la fondation de Kigali, en tant que capitale royale, par le monarque Chyiirima I Rugwe, dont le règne commence, selon l’historien Alexis Kagamé, en 1345. À moins de retenir l’autre hypothèse, indique encore Rose-Marie Mukarutabana, celle suggérée par un autre historien spécialiste du Rwanda, le Belge Jan Vansina, qui pense, quant à lui, que le règne de Chyiirima I Rugwe n’a débuté qu’en 1506. En somme, ce n’est pas un seul petit siècle d’existence mais au moins cinq, voire sept, qu’il conviendrait de célébrer. Cinq siècles, ce n’est pas rien !
Et Rose-Marie Mukarutabana de reprocher aux autorités municipales d’avoir fait la part belle au colonialisme, au détriment de l’histoire nationale, en choisissant l’année 1907 comme date de fondation de la ville. C’est en octobre 1907, en effet, que le docteur allemand Richard Kandt s’est installé à Kigali, en tant que représentant de la « Deutsch Ostafrika », et a fait construire sa maison. La première de type occidental de la ville. Mais les Allemands ne sont restés sur place que dix petites années, alors que l’histoire des dynasties rwandaises se perd, elle, dans la nuit des temps. Aujourd’hui pourtant, parce qu’ils étaient construits en matériaux d’origine végétale, il ne reste rien des palais que les rois ont édifiés sur la colline sacrée de Kigali. En revanche, la maison « en dur » du bon docteur Kandt est toujours là.

C’est peut-être pour cette raison, en fin de compte, que 1907 a été préférée à 1345. La date est sûre, et le bâtiment dure. C’est plus simple, plus moderne aussi, la vérité historique dût-elle en souffrir. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la décision de la municipalité de célébrer en novembre 2007 le centième anniversaire de Kigali a séduit les opérateurs économiques. À peine sollicités, les premiers d’entre eux, nationaux ou étrangers, ont fait don, dès le mois de juin, de plus de 1 million de dollars. Des fonds destinés aussi bien à l’organisation des cérémonies qu’à soutenir le Plan d’infrastructures et de gestion urbaine (Pigu), que le gouvernement a mis en place dès 1994, au lendemain du génocide, et qui est toujours en vigueur. Grâce à ce plan, Kigali est devenue une capitale digne de ce nom, elle qui n’était encore qu’une grosse ville de province il y a sept ans. En un temps record, elle s’est modernisée, s’est dotée de nouveaux équipements, alors que de nouveaux quartiers voyaient le jour. Un signe qui ne trompe pas : Kigali accueille cette année le Sommet sur le raccordement de l’Afrique à Internet (Connect Africa), les 29 et 30 octobre. Et des manifestations comme celle-là, Kigali a bien l’intention d’en organiser d’autres.

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