« Wolfie » lâche du lest

Publié le 22 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Lorsqu’il prend la présidence de la Banque mondiale, le 1er juin 2005, le néoconservateur américain Paul Wolfowitz annonce que l’Afrique est sa « première priorité ». Près d’un an et demi plus tard, l’ancien numéro deux du Pentagone n’a pas changé de cap. Malgré quelques lapsus, comme « Elizabeth » Johnson-Sirleaf – au lieu d’Ellen -, présidente du Liberia et ancienne de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz n’a presque que l’Afrique à la bouche. Lors d’une conférence à Oslo, le 16 octobre, c’est justement le Liberia qu’il cite pour illustrer ce qu’est la « malédiction des ressources naturelles ». Deux jours plus tard, à Paris, c’est du continent qu’il parle avec Brigitte Girardin, ministre française déléguée à la Coopération, et Jean-Michel Severino, directeur général de l’Agence française de développement (AFD).
Quand Wolfowitz parle d’Afrique, il déroule invariablement la même liste : pauvreté, sida, malaria qui fait 1 million de morts dans le monde chaque année, l’équivalent d’un World Trade Center par jour », explique-t-il à Paris), analphabétisme et, surtout, corruption.
On le sait, la lutte contre les détournements d’argent public, les dépenses somptuaires, les pots-de-vin et autres « commissions » dont pâtissent directement les populations est le cheval de bataille de « Wolfie ». Certains pays membres du conseil d’administration de la Banque, la France en premier, lui reprochent de l’enfourcher aveuglément. Notamment quand, en février dernier, il suspend la coopération de son institution avec le Tchad après la décision du président Idriss Déby Itno de modifier la loi sur la répartition des revenus pétroliers. Ce sont les populations qui trinquent, répètent, en clair, les partisans du compromis. Et en tant que membres, nous avons notre mot à dire, ajoutent-ils.
Le 18 octobre, Wolfowitz a montré qu’il les avait entendus, admettant devant Brigitte Girardin que l’heure n’est « plus aux suppressions unilatérales de l’aide ». Moins dogmatique, prêt à user de la carotte et plus seulement du bâton : c’est l’impression que le faucon a laissée après son bref passage à Paris. Si elle reste à confirmer, elle s’accorde avec les principes du pays qui présidera le G8 en 2008, l’Allemagne proposant de récompenser certains États pour leur bonne gouvernance.

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