Page blanche

Publié le 22 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Chers amis lecteurs, votre servante s’incline bien bas en vous demandant par avance de bien vouloir lui pardonner. Une fois n’est pas coutume : je ne suis pas inspirée cette semaine. Ce n’est pas faute d’avoir cherché quelque chose de croustillant à vous mettre sous les yeux, mais ma panne annuelle d’inspiration a été plus forte que mon réel désir de vous divertir. Aussi ai-je décidé de vous raconter les affres qui ravagent votre chroniqueuse une fois par an, quand elle sent qu’elle ne tient pas l’affaire.
Lorsqu’il n’y a aucune idée (valable) en gestation dans son crâne, lorsqu’elle n’est interpellée par aucun titre de l’actualité, lorsque pas un seul fait dans le monde n’a réveillé sa colère volcanique et fait couler à flots la lave salvatrice de l’écriture, elle cherche d’autres moyens de réveiller l’inspiration qui s’est endormie comme une grosse bête carnivore ivre de soleil et de chair. Clouée à sa chaise comme un bagnard à son boulet, elle cogite sec. Mais les heures passant sans qu’un ange de bon augure ne l’invite à grimper sur son nuage de félicité, elle se résout finalement à solliciter ses collègues. La honte. Le regard fuyant, le front bas et la lippe lourde d’humiliation, elle commence sa quête. « Vous n’auriez pas une idée ? » implore-t-elle comme un indigent demanderait une pièce de monnaie pour aller s’acheter un sandwich.
« Tu pourrais faire quelque chose sur les rappeurs qui s’acoquinent avec les politiques », propose diligemment l’un. Mouais… Joey Starr qui se transforme en conscience politique des jeunes de banlieue ? Trop vulgaire et violent à mon goût. Quant à Doc Gynéco, le nouveau pote de Sarkozy, sa face endormie ne déclenche en moi qu’une furieuse envie d’aller conter fleurette à mon oreiller. « Pourquoi tu n’écris pas sur les amours de Condoleezza Rice ? » suggère une autre, l’il rivé à son écran. Bof, la romance qui se noue entre la secrétaire d’État américain et un ministre canadien de dix ans son cadet me paraît trop aseptisée pour déclencher un coup de foudre en moi. Je remercie ma collègue, mais elle ne m’entend déjà plus, ayant elle-même d’autres mots à fouetter.
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément », me dit doctement le doyen de la rédaction en paraphrasant Boileau, avant de poursuivre : « Tu n’as qu’à t’inspirer de ta panne d’inspiration ! »
Chiche ! Sagement assise devant mon bureau, ce qui m’apparaissait jusque-là comme un pensum pour élève indisciplinée s’est comme par magie transformé en une prose aérienne. Enfin, jusqu’à un certain point, le décollage s’étant tout de même bien fait désirer
Chers amis lecteurs, merci d’avoir pris part à ce voyage ! En espérant vous revoir prochainement sur mes lignes

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires