Courrier des lecteurs

Publié le 22 juin 2008 Lecture : 5 minutes.

TPI : justice ou politique ?
– Les actions du TPI paraissent davantage déterminées par des considérations d’ordre politique que par le simple souci de rendre la justice. Sinon, comment comprendre que seul Jean-Pierre Bemba ait vu son immunité diplomatique levée ? Bien d’autres personnalités politiques ne sont pas inquiétées par le TPI pour leurs exactions passées (crimes de droit commun, de guerre et contre l’humanité), et Laurent Nkunda Batware continue de sévir au nez et à la barbe de tout le monde.
L’action intentée contre Bemba par le TPI souligne les contradictions de l’Union européenne (UE) et le silence coupable de cette dernière autour de la tragédie du peuple congolais. Tout se passe comme si les autorités belges traquaient sans cesse l’opposition congolaise, celle, du moins, qui a refusé la parodie démocratique imposée par l’UE en 2006. Or les élections forcées (on le voit au Kenya, au Zimbabwe, en Côte d’Ivoire) ne sont pas un vecteur de démocratisation.
Il serait donc logique que les institutions de « congolisation » mises en place en RDC obtiennent la mise en liberté de Bemba – élu du peuple congolais et ancien deuxième vice-président du pays – ou que les autres dignitaires congolais impliqués dans des crimes de même nature soient poursuivis par le TPI avec autant de fermeté que le leader du MLC.
Pascal Bilenga Wa Mukumadi, président de la section de Neuchâtel (Suisse) de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), porte-parole de la Plate-forme « Congo libre », et Kangafu Vingi, président général de la Ligue des patriotes

Honte aux Sud-Africains
– La première puissance économique du continent, l’Afrique du Sud, qui attire un nombre croissant d’immigrants, s’est livrée à une vague de violences sans précédent ! Suite à l’insouciance du gouvernement, qui n’a pas voulu prendre immédiatement le problème au sérieux, les violences se sont étendues dans les townships de Johannesburg, échappant au contrôle des policiers. Des Sud-Africains se sont alors munis de machettes, haches, gourdins et armes à feu pour traquer, tuer et brûler leurs victimes, réduites en torches vivantes. On a compté plus de 50 morts et 80 000 déplacés : des Zimbabwéens (fuyant la crise politico-économique de leur pays), des Mozambicains, des Nigérians, des Malawites, et des Congolais. Tous ont été étiquetés « personnes indésirables ».
L’Afrique du Sud – que de nombreux pays africains ont soutenue pendant l’apartheid – vient de commettre les actes xénophobes les plus ignobles et les plus macabres de son histoire. Une honte. Quel exemple d’amitié et de fraternité l’Afrique du Sud montre-t-elle à ses voisins ? Sa diplomatie aura-t-elle autant de poids que par le passé dans le règlement des conflits africains ?
Bernard Nkounkou, Québec, Canada

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« Le sens du souffle »
– J’ai été marqué par l’article que vous avez consacré à Mehdi Ouraoui, dans la rubrique « Parcours » du J.A. n° 2472 (pp. 54-55). Sans faire l’apologie de ce jeune homme, on ne peut ignorer son cursus, lequel est d’autant plus riche en enseignements que les origines de son auteur sont modestes. Face aux nombreuses contraintes sociales et psychologiques, les jeunes Africains sont nombreux à manquer de ce que Dominique de Villepin appelle dans Le Cri de la gargouille « l’étoffe, le sens du souffle ».
Beaucoup se contentent d’un petit salaire et se disent : « Dieu merci, tout est au mieux pour moi. » Combien sont-ils prêts à réellement bousculer les barrières de la misère ? L’exemple de Mehdi devrait nous aider, car construire l’Afrique de demain signifie aussi avoir le cur endurant et ne pas avoir peur de souffrir. Si on admire Barack Obama ou Bill Clinton, on ignore trop souvent qu’ils ont connu de rudes parcours dont l’aboutissement heureux n’est que le résultat d’une volonté tenace.
Nous, jeunes Africains, devons faire nôtre cette phrase de Mehdi Ouraoui : « On dort peu et on travaille beaucoup, mais quand on s’organise bien, on s’aperçoit qu’une grande partie des programmes se recoupent ! »
Israël Mekoul, Yaoundé, Cameroun

Courage Basile !
– Dans son dernier livre, Basile Boli a le courage de ses idées et prône le réalisme. L’immigration n’est pas un droit mais un privilège. Les politiciens et intellectuels africains sont les vrais et seuls responsables de la dérive économique de leurs pays. Pourquoi la France en paierait-elle le prix ? Courage Basile !
Joss, Pointe-Noire, Congo-Brazzaville

Il n’y a pas que l’arabe
– J’ai lu avec étonnement dans le J.A. nº 2472 le courrier d’un lecteur tunisien de Métaloui concernant l’arabisation en Tunisie. Je suis étonné qu’un professeur, en ce XXIe siècle, en appelle à l’usage d’une seule langue dans son pays, alors qu’on y procède à la création de classes multilingues dans les lycées (chinois, anglais, espagnol, italien).
Le français a ouvert toutes les portes du savoir en Tunisie, a permis à nos prédécesseurs de traiter d’égal à égal avec l’ancien colonisateur, et a favorisé le très bon niveau de culture et d’éducation du peuple. Étudier et parler une langue autre que l’arabe n’est pas une tare. Au contraire, cela permet de se rapprocher d’autres civilisations : il faut s’ouvrir sur le monde ou mourir d’isolement.
Si les méthodes de l’enseignement sont hésitantes – l’utilisation du français et de l’arabe -, ce n’est certainement pas la faute d’une langue ou d’une autre, mais bien d’une politique. Et si le niveau est bas, cela ne se produit pas uniquement en Tunisie, mais dans le monde entier. Encore une fois, ce n’est pas l’usage d’une langue ou d’une autre qui en est responsable. Moi, je suis bilingue sans problème.
Adel Mothéré, Tunis, Tunisie

Trop tôt disparu
– C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès d’Elimane Fall, un grand nom du journalisme africain. Il s’en est allé rejoindre d’autres noms célèbres de la famille J.A. trop tôt disparus : Sennen Andriamirado, François Poli, Siradiou Diallo Paix à son âme.
Lébéné Amaglo, Gagnoa, Côte d’Ivoire

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Quelle patrie ?
– « Black is beautiful », clamait la communauté afro-américaine, soit : « Je suis noir et fier de l’être. » Aujourd’hui, les Noirs de France, surtout les Africains, ne peuvent relayer ce slogan tant ils ont honte de leurs origines. Ils voient le racisme partout et se sentent victimes en tout. Beaucoup cachent leur incapacité à s’intégrer dans la société française derrière l’excuse d’un racisme souvent imaginaire.
La France est l’un des rares « pays des Blancs » faisant beaucoup pour l’intégration. Les publications des auteurs noirs sur la question esquivent une question essentielle : celle de la patrie. Pour de nombreux Noirs et Arabes, la France est leur pays mais pas leur patrie. Ils sont français pour les allocations sociales, pour les libertés garanties par la République, pour la facilité de la vie (en comparaison avec celle des pays dont eux ou leurs parents sont originaires). Et lorsque des Marocains-Français pour les allocations sifflent La Marseillaise mais chantent avec joie l’hymne du Maroc au Stade de France, je me demande où se trouve leur patrie
On peut tirer profit de son pays, mais on doit se battre pour sa patrie. En cas de guerre entre l’un des pays d’émigration et la France, que feront les Français du nom de Mamadou, El-Hosni ou Mboumba ? Dans le livre de Pap Ndiaye La Condition noire (voir J.A. n° 2471, pp. 98-100), je n’ai pas trouvé de réponse
Marrion, Pointe-Noire, Congo-Brazzaville

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