Conjoncture en demi-teinte

Publié le 22 mai 2005 Lecture : 3 minutes.

Quelles perspectives pour l’économie gabonaise ? Sur cette question, les opinions divergent. Si l’on en croit le rapport sur les Perspectives économiques en Afrique, publié conjointement par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque africaine de développement (BAD) le 17 mai, il ne devrait guère y avoir d’embellie sur le front de la croissance cette année au Gabon. Estimée à 1,6 % en 2004, elle devrait gagner 0,1 point seulement en 2005, avant de retomber à 1,4 % en 2006, indique le rapport. Plus optimistes, les autorités gabonaises tablent, pour leur part, sur une hausse du PIB de 2,4 %, accompagnée d’une progression de 28,7 % des recettes pétrolières.
En fait, la croissance devrait vraisemblablement se situer à mi-chemin entre ces deux chiffres, souligne un analyste. « De manière générale, l’économie gabonaise n’est pas très dynamique et peu diversifiée. Sa hausse du PIB demeure inférieure au taux d’accroissement de la population. Le Gabon est trop riche pour bénéficier de l’initiative PPTE, le processus de réduction de dette dont bénéficient les pays pauvres très endettés. Pourtant, il est fortement endetté et il connaît de profondes inégalités », indique Christine Rosellini, coauteur des Perspectives économiques en Afrique.

Pour expliquer ce manque de dynamisme, le rapport souligne la baisse amorcée de la production pétrolière, un secteur forestier toujours en crise et un secteur privé globalement peu énergique, affecté par l’étroitesse du marché local, le coût élevé du crédit et le manque criant d’infrastructures. En particulier, le budget d’investissement reste faible, à 3,6 % du PIB seulement en 2004. Néanmoins, certains éléments laisseraient à penser que l’économie gabonaise commence à se diversifier. « On peut considérer cette évolution un peu plus sérieusement qu’il y a quelques années, confirme Christine Rosellini. La transformation du bois est plus importante qu’auparavant, mais c’est dans le secteur minier surtout que les projets se font jour », souligne-t-elle. Des investisseurs brésiliens et chinois étudient ainsi des projets d’exploitation du manganèse, tandis que la Comilog, filiale du groupe français Eramet, devrait relancer ses activités, encouragée par la hausse des cours. Grâce au gisement de Moanda, le Gabon est le deuxième producteur mondial de manganèse derrière l’Afrique du Sud. Parallèlement, le fer pourrait être exploité, notamment sur le site de Belinga. Ces perspectives sont confortées par une demande chinoise soutenue pour les métaux en général. Par ailleurs, des investissements dans le secteur de l’énergie sont prévus. Enfin, l’État devrait réactiver ses projets de logements sociaux, ce qui dynamiserait le secteur du BTP. Mais c’est le pétrole qui fera encore pendant quelque temps les beaux jours du Gabon. La hausse des cours du brut a dynamisé les investissements dans ce secteur et permis de relancer des projets considérés jusque-là comme non rentables. Cette augmentation des prix du pétrole devrait se poursuivre, conduisant à une reprise de l’inflation à 2,5 % en 2005 et 2006.

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Du côté des finances publiques, la situation semble s’être assainie, mais il y a urgence à diversifier la base fiscale de l’État, note le rapport. Par ailleurs, après le Nigeria, le Ghana et le Congo, le Gabon a décidé d’adhérer en mai 2004 à l’Initiative sur la transparence des industries extractives (EITI). « Politiquement, cette adhésion marque une volonté de transparence dans la gestion des recettes pétrolières du pays », confie Christine Rosellini. Mais il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de cette initiative sur la transparence des comptes du secteur.
En attendant, le Gabon s’attelle à l’élaboration de son document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP). Certes, le pays ne peut prétendre à bénéficier d’une réduction de sa dette dans le cadre de l’initiative PPTE, traitement de faveur réservé aux plus démunis. Toutefois, aux termes de l’accord de confirmation conclu avec le FMI, Libreville espère bien trouver grâce aux yeux des bailleurs de fonds et conclure un nouveau programme, plus long, lui permettant de revoir, en profondeur, le traitement de sa dette publique. Et de relancer son économie sur des bases véritablement assainies.

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