Tunisiens, encore un effort !
À Tunis, le directeur général adjoint a plaidé pour une accélération des réformes.
La Tunisie est un bon élève du Fonds monétaire international (FMI), c’est entendu, mais elle aurait néanmoins intérêt, pour atteindre ses objectifs de croissance, à accélérer le rythme des réformes. C’est en substance ce que Murilo Portugal, le directeur général adjoint du Fonds, a indiqué à ses interlocuteurs, le 6 avril, lors de sa visite à Tunis. Il s’agissait d’une prise de contact, puisque Portugal, un ancien vice-ministre des Finances du Brésil, n’a été nommé à son poste actuel qu’en novembre 2006.
Globalement, le FMI juge la gestion macroéconomique de la Tunisie « judicieuse ». Les réformes entreprises depuis dix ans lui ont permis d’atteindre un taux de croissance plus qu’honorable (environ 5 % par an, en moyenne) et de stabiliser la situation sociale. L’assistance technique et les conseils du FMI ont certes joué leur rôle, mais le mérite de l’amélioration des conditions de vie de la population revient sans discussion aux autorités locales. Comme le dit Portugal, « pour que les réformes qu’il entreprend réussissent, il est essentiel qu’un pays soit entièrement maître de ses politiques ». Le FMI se félicite par ailleurs du « pragmatisme » affiché par les dirigeants tunisiens dans « la libéralisation du compte de capital », ce qui s’est traduit par un assouplissement du régime des changes et une convertibilité accrue du dinar tunisien.
Il reste cependant beaucoup à faire pour atteindre les objectifs du XIe Plan de développement économique et social. Afin de réduire le taux de chômage – 14 % actuellement, et même davantage chez les diplômés du supérieur -, celui-ci table sur une croissance moyenne de 6,1 % jusqu’en 2011. Une stratégie « ambitieuse » qui, selon le FMI, ne pourra être menée à bien qu’à la condition de consolider la situation macroéconomique, de renforcer le secteur financier et de poursuivre l’intégration dans l’économie maghrébine et mondiale.
Plus spécifiquement, le Fonds considère que l’accroissement de l’investissement domestique et étranger passe par la poursuite de la libéralisation et par l’amélioration du climat des affaires. La dette extérieure devra également être réduite. Dans cette perspective, la décision du gouvernement de consacrer une partie importante du produit des privatisations au remboursement anticipé de celle-ci constitue « une étape importante ».
S’agissant du secteur financier, Murilo Portugal juge « encourageants » les progrès réalisés dans l’application de la plupart des recommandations du FMI et de la Banque mondiale. Il se fonde sur les conclusions d’une évaluation du secteur bancaire tunisien réalisée au mois de mars. Petit à petit, grâce à une réforme de son cadre légal et réglementaire, la Tunisie se met en conformité avec les critères internationaux en matière de contrôle bancaire. Reste un point noir : en dépit de l’amélioration enregistrée depuis 2005, le poids des créances dites classées (crédits non remboursés) représente encore près de 20 % du total des crédits alloués par les banques. Idéalement, il faudrait que ce taux redescende en dessous de 10 % d’ici à 2009. Si tel n’est pas le cas, estime le FMI, la meilleure solution serait sans doute que les banques se recapitalisent.
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