3 questions à Hoda Barakat
Journaliste et romancière libanaise
Hoda Barakat, née à Beyrouth en 1952, vit à Paris depuis 1989. Journaliste à Radio Orient, elle est l’auteur de quatre romans, tous publiés en France chez Actes Sud : La Pierre du rire (1996), Les Illuminés (1999), Le Laboureur des eaux (2001, prix Naguib-Mahfouz), Mon Maître, mon amour. (2007). Dans ce dernier, elle met en scène un homme, Wadi’, qui a fui la guerre civile pour se réfugier à Chypre et qui va se replonger dans son enfance et son adolescence difficiles. Histoires d’amour à plusieurs voix, en prise avec la cruauté et l’humiliation, portées par une écriture fiévreuse et hypnotique… Les sentiments ne sont jamais simples chez Hoda Barakat. D’introspection en monologues intérieurs, elle n’a cessé de capturer le côté sombre de l’âme humaine.
Jeune Afrique : Vos livres sont toujours en prise avec la guerre civile libanaise…
Hoda Barakat : Ils ont la guerre civile comme toile de fond, mais vont au-delà. Ils parlent de la condition humaine en général. Le Liban est comme un laboratoire qui permet de découvrir ce que les hommes sont capables de faire. Les premières années de la guerre civile, je n’étais pas préparée à lire le monde avec une telle cruauté. Ça a été comme une seconde éducation pour moi. Quand on a vécu dans une violence extrême, on emporte forcément cette expérience avec soi.
Dans votre dernier livre, le personnage principal est le premier à subir cette violence… Comment est né ce personnage ?
Wadi’ a vu beaucoup de violence et tente de trouver sa place au milieu de la décomposition générale. Au fil des pages, on voit qu’il s’est inventé un monde illusoire avec son propre pouvoir, sa propre force.
Ce personnage est comme une voix intérieure, une idée fixe, comme quelqu’un qui a envie de vous raconter son histoire. Là, c’est un petit garçon, tout gros, mal dans sa peau, qui avait envie de me dire comment il avait grandi dans ce monde-là. Il arrive que certains personnages disparaissent… Écrire un roman, c’est une aventure non préméditée. C’est un saut dans le vide.
Comment avez-vous réagi à la guerre de juillet 2006 ?
Durant l’été, j’ai écrit une pièce de théâtre inspirée directement des événements. Cette pièce absorbe l’esprit de ce qui se passe au Liban et nous met toujours dans une angoisse énorme. Cette partie de la région bouge trop ! On est tout le temps en séisme.
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