La loi n’est pas faite pour les chiens
Dimanche dernier, alors que je profitais du soleil, assise à la terrasse d’un café parisien, j’ai été témoin d’une scène qui m’a sidérée. Un Subsaharien, dont l’énorme berger allemand venait de déposer quelques crottes sur le trottoir, fut interpellé par trois policiers qui effectuaient une ronde dans le quartier. Ils lui demandèrent de manière tout à fait correcte de ramasser le cadeau que les flancs alourdis du chien avaient laissé dans la rue, ainsi que l’exige la loi. Réaction de l’homme : indignation et refus d’obtempérer. Après avoir parlementé sans succès pour s’éviter la peu ragoûtante tâche, il finit, hargneux comme un pitbull, par enrouler les excréments dans un mouchoir et les jeter dans une poubelle. Il s’en alla en invectivant les flics et en brandissant un poing menaçant.
Quelques minutes plus tard, un autre homme dont l’animal venait de commettre le même sacrilège fut lui aussi abordé par les policiers. Ce dernier, un Français de souche, ramassa ses crottes sans palabrer et s’en fut, l’échine basse. Je me suis alors remémoré quelques événements récents du même acabit. D’abord, les émeutes de la gare du Nord en mars dernier qui avaient été provoquées par un Congolais dépourvu de titre de transport. L’homme, contrôlé par des agents de la RATP, s’était rebellé, ameutant des dizaines de jeunes qui ont affronté pendant près de six heures les forces de police venues en renfort et saccagé de nombreux commerces.
En Italie, il y a quelques jours, des policiers milanais infligent une amende à une femme d’origine chinoise qui avait garé sa voiture en double file. Agressive, elle est conduite au commissariat, qui sera un peu plus tard pris d’assaut par des centaines de Chinois brandissant le drapeau de leur pays. Résultat : slogans vengeurs hurlés dans un haut-parleur, voitures renversées, vitrines brisées
La question se pose : est-ce parce qu’on est étranger ou d’origine étrangère qu’on doit se croire au-dessus des lois ?
Loin de moi l’idée de prendre automatiquement parti pour les forces de l’ordre, souvent si promptes aux dérapages ou aux bavures envers des personnes issues de l’immigration. Les exemples sont nombreux et presque quotidiens. Mais est-ce une raison pour « se victimiser » au moindre contrôle de police ?
La loi est la même pour tout le monde. Avant d’être étranger ou résident de souche, on est d’abord un citoyen. Et ce sont souvent les entorses aux règles de bonne conduite qui servent de prétexte aux extrémistes pour diffuser leurs idées d’exclusion. Comme quoi, des crottes de chien au vote Le Pen, il n’y a qu’un pas
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