La Communauté économique relancée
Réunis à Bujumbura le 17 avril, les ministres des Affaires étrangères du Burundi, du Rwanda et de la RD Congo ont décidé de relancer la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), en panne depuis 1994. Un secrétaire exécutif intérimaire, le Burundais Gabriel Toyi, a été nommé. Ce dernier devra faire un état des lieux de la situation et soumettre, dès septembre, une feuille de route de relance aux ministres. La renaissance officielle interviendra à l’occasion du sommet des chefs d’État des trois pays, dont la date n’a pas encore été arrêtée. En attendant, des priorités ont été définies : paix et sécurité, démocratie et bonne gouvernance, agriculture, énergie, infrastructures et communication, éducation et recherche.
D’après le ministre congolais des Affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamwisi, la CEPGL devra renforcer les capacités du barrage de la Ruzizi II (RDC), qui fournit le Rwanda et le Burundi en électricité, neutraliser toutes les milices opérant entre les trois pays, développer les échanges universitaires et promouvoir les investissements. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Charles Murigande, se réjouit de cette évolution : « En plus des réalisations économiques, la CEPGL avait créé un espace politique et social pour nos peuples, qui bénéficiaient d’une liberté de mouvement entre nos trois pays. Ce sont des acquis qu’il faut relancer. »
Pour la remise sur les rails de la CEPGL, l’Union européenne (UE) et la Belgique – l’ancienne puissance colonisatrice – vont débourser, dans un premier temps, 970 000 dollars (713 000 euros). Une aide extérieure qui, pour certains, cache le retour d’une mainmise étrangère. « Il ne faut pas chercher des problèmes là où il n’y en a pas, rétorque Antoinette Batumubwira, la ministre burundaise des Relations extérieures. Nous ne pouvons pas refuser la main tendue de nos partenaires. »
Créée en 1976 à l’initiative du président zaïrois Mobutu Sese Seko, la CEPGL, qui a son siège à Gisenyi (Rwanda), compte trois institutions : la Banque de développement des États des Grands Lacs basée à Goma (RD Congo), l’Institut de recherches agronomique et zootechnique installé à Gitega (Burundi) et la Société d’électricité des pays des Grands Lacs. Autant d’activités qui concerneront 78 millions de personnes.
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