La libération du camp d’Auschwitz

Publié le 22 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Au cur de l’hiver 1944-1945, les chars de l’armée Rouge progressent irrésistiblement vers Berlin, la capitale du Reich hitlérien. Le 27 janvier, ils atteignent la bourgade d’Oswiecim, en Haute-Silésie polonaise, à une soixantaine de kilomètres de Cracovie. Et brusquement, l’horreur, le cauchemar absolu. À quelques centaines de mètres du centre-ville, surgit, errant dans la neige et le froid atroce, une armée de fantômes rongés par la faim et le typhus. Alentour, des monceaux de cadavres s’entassent au pied des cheminées de quatre fours crématoires, entre des rangées de baraquements. Pénétrant à l’intérieur, les soldats soviétiques n’en croient pas leurs yeux : il y a là des montagnes de vêtements et de cheveux, des empilements de paires de lunettes et de prothèses… Ils ne le savent pas encore, mais ils viennent de découvrir ce qui deviendra le symbole de la barbarie moderne : le complexe d’Auschwitz-Birkenau. Soit le plus grand camp de concentration et d’extermination construit par le régime nazi, sur le portail duquel figurent ces simples mots : « Arbeit macht frei », le travail rend libre. Sept mille cinq cents hommes et femmes y sont encore parqués.

Par crainte des épidémies, le premier geste des officiers est de leur dispenser des soins d’urgence. Ils s’empressent également d’installer des cuisines mobiles et d’ensevelir les cadavres dans des fosses communes. Mais tout cela paraît presque dérisoire tant les rescapés sont dans un état lamentable. Dix jours plus tôt, fuyant l’avancée des troupes soviétiques, les SS les ont abandonnés à leur sort en raison, justement, de leur extrême faiblesse. Ils n’auraient fait que les ralentir dans leur repli précipité vers le camp de Bergen-Belsen. Mieux valait les laisser mourir sur place…
Bien entendu, les survivants d’Auschwitz sont des miraculés : ils ne représentent qu’une infime partie de ceux qui y ont été déportés. Les historiens estiment aujourd’hui que 1,3 million d’hommes, de femmes et d’enfants – dont 950 000 juifs – y ont été exterminés, dans les chambres à gaz principalement, après la mise en place de ce que les nazis ont appelé la « solution finale à la question juive », lancée lors de la conférence de Wannsee, en janvier 1942.

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C’est à partir de cette date que le complexe, conçu au départ, en mai 1940, comme un simple camp de concentration et de travail pour les opposants au régime nazi et les prisonniers de guerre soviétiques, se transforme en une véritable usine de mort. Au cours de l’été 1942, un deuxième site voit le jour, Auschwitz II-Birkenau, voué à l’extermination des détenus et aux expériences « scientifiques » du docteur Mengele. Dans le courant de cette même année s’ouvre également Auschwitz III-Monowitz, qui abrite les ateliers de grands groupes industriels allemands au sein desquels les prisonniers aptes au travail sont exploités jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Devenue « la métonymie de la Shoah », selon l’expression de l’historienne Annette Wievorka, Auschwitz-Birkenau ne fut en effet que le premier d’une longue série de camps libérés au fur et à mesure de l’avancée alliée, au printemps 1945 : Treblinka, Belzec, Sobibor, Chelmno, Majdanek… La litanie des sites emblématiques du martyre juif entre 1939 et 1945.

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