Un casting international

Publié le 21 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Simon Mann.
C’est l’un des fondateurs, en 1992, d’Executive Outcomes, firme sud-africaine de mercenaires qui a sévi en Angola, en Sierra Leone et au Liberia. Interpellé le 7 mars
2004, alors qu’il s’apprêtait à embarquer dans un avion en escale à l’aéroport d’Harare
et à bord duquel se trouvaient des mercenaires, Mann, 51ans, a été condamné début
septembre à sept ans de prison ferme par la justice zimbabwéenne. Dans une déposition
faite devant le magistrat instructeur, il a reconnu avoir rencontré, à Madrid, Severo Moto, un opposant équatoguinéen, qui lui aurait demandé de l’aider à renverser le président Obiang Nguema. Ses avocats expliqueront plus tard que ces aveux ont été extorqués à leur client. C’est également Mann qui aurait acheté aux États-Unis le Boeing 727-200 utilisé pour le transport des mercenaires vers la Guinée équatoriale. Il possède une maison, voisine de celle de Mark Thatcher, dans une banlieue riche du Cap (Afrique du Sud).

Nick du Toit.
Servaas Nicolaas « Nick » du Toit est la cheville ouvrière du groupe, celui qui a recruté le gros des mercenaires. Le premier, aussi, à être passé à table en livrant, dans une déposition écrite, le nom de Simon Mann. Il est incarcéré depuis le mois de mars à la prison de Black Beach, à Malabo, avec treize de ses recrues. Leur procès devait reprendre le 16 novembre. Ancien des Forces spéciales sud-africaines, Nick du Toit, 48 ans, a également exercé ses talents à Executive Outcomes.

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Severo Moto
Ancien séminariste, leader du Partido del Progreso (opposition), proche des conservateurs espagnols et britanniques, il vit depuis plusieurs années à Madrid, où il s’est autoproclamé président d’un « gouvernement » équatoguinéen en exil. Ancien directeur de Radio Malabo sous la dictature de Macias Nguema, éphémère secrétaire d’État, il a été arrêté en 1997 en Angola pour recrutement de mercenaires. Sur pression des officiels espagnols, il est libéré et renvoyé à Madrid, où il semble disposer de puissants appuis. Depuis l’accession des socialistes au pouvoir en Espagne, le 16 avril 2004, Severo Moto s’est fait plus discret. Il n’est même pas exclu que cet hôte désormais encombrant soit sacrifié sur l’hôtel de la réconciliation entre la Guinée équatoriale et l’ancienne puissance coloniale, qui pourrait lui trouver une nouvelle terre d’accueil.

Elie Khalil.
Ce courtier libano-britannique en hydrocarbures a fait l’essentiel de sa fortune dans le pétrole en Afrique, notamment au Nigeria et en Angola. Naguère proche du dictateur
nigérian Sani Abacha, exconseiller personnel du président sénégalais Abdoulaye Wade, il vit depuis plusieurs années à Chelsea, un quartier chic de Londres. Il est soupçonné par la justice équatoguinéenne d’être l’un des bailleurs de fonds de l’opération de déstabilisation du président Obiang Nguema. Celui qui fut l’un des lobbyistes les mieux rétribués du défunt groupe pétrolier français Elf ne cache pas son amitié pour Severo Moto, qu’il aurait présenté à Simon Mann. Bien entendu, l’homme d’affaires libano-britannique dément toute implication dans cette affaire. Khalil, 58 ans, se trouvait au
Liban à la mi-novembre.

Mark Thatcher.
Le fils préféré de l’ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher a été arrêté à la fin d’août, alors qu’il s’apprêtait à quitter le Cap, où il passe l’essentiel de l’année, pour Dallas. Inculpé le 25 août pour violation de la loi sud-africaine sur le mercenariat, il a été assigné à résidence, après versement de 300 000 dollars de caution. Son passeport lui a été retiré et il doit se présenter chaque semaine au poste de police
de la région du Cap. Marié à une riche héritière texane, en 1987, trois fois recalé à
l’examen d’expert-comptable, celui que ses anciens camarades de pensionnat appelaient Thickie (Bêta) est accusé d’avoir financé, à hauteur de 275 000 dollars, l’opération mercenaire contre le chef de l’État équatoguinéen. Mark Thatcher, 51 ans, encourt une peine de quinze ans de prison, mais ne sera pas extradé en Guinée équatoriale, un pays qui n’a pas de convention d’extradition avec l’Afrique du Sud et où la peine de mort existe.

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