Lomé, base arrière

Publié le 21 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Très disponible, comme de coutume, à l’égard de son ami Jacques Chirac qu’il a eu plusieurs fois au téléphone pendant la crise et manifestement irrité des mauvaises manières de Laurent Gbagbo, envers qui, pourtant, il était plutôt bien disposé, le président togolais Gnassingbé Eyadéma a largement ouvert l’aéroport de Lomé à tous ceux qui avaient besoin de lui. Avions militaires français, vols réquisitionnés d’Air France, aéronefs privés des grandes sociétés commerciales implantées en Côte d’Ivoire : les pistes de Tokoin, où une cellule de crise togolaise a été installée, sont devenues la plaque tournante de la crise ivoirienne. Un incident ou un malentendu est pourtant venu brouiller ce ballet aérien exemplaire. Le 17 octobre, trois semaines avant le début des bombardements sur Bouaké, un gros-porteur Antonov 124 atterrit sur l’aéroport de Lomé, en provenance de celui d’Abidjan. Dans ses soutes : deux hélicoptères de transport MI-8 et deux avions de combat Mig-23, le tout en pièces détachées. Déchargés sur le tarmac, les quatre appareils sont aussitôt stockés dans deux hangars, avant d’être peu à peu remontés par une équipe de techniciens biélorusses. Que font-ils là ? Dans quel but ? S’agit-il d’assembler discrètement les aéronefs avant de les renvoyer à Abidjan, prêts à servir au sein de la force aérienne de Laurent Gbagbo ? Il faudra que la guerre éclate en Côte d’Ivoire, le 4 novembre, pour qu’une partie du mystère soit levée. Selon une bonne
source diplomatique à Lomé, les appareils appartiennent à une société jusqu’ici inconnue, BSVP, dirigée par un homme d’affaires italien résidant en Afrique du Sud, Ricardo Ghazia.
Par ailleurs spécialiste en cynégétique, Ghazia est proche de l’ancien « super-gendarme » de l’Élysée Robert Montoya, également installé à Lomé et lui-même propriétaire de la société Darkwood Logistic, qui est, depuis 2002, l’un des principaux fournisseurs
d’armements et de munitions de l’armée ivoirienne.
Gnassingbé Eyadéma, qui se serait manifestement bien passé de cette affaire, a fourni à la France toutes les assurances nécessaires quant à l’utilisation des Mig et des
hélicoptères lesquels n’iront donc pas remplacer la flotte anéantie de Laurent Gbagbo, désormais frappée d’embargo, si tant est que telle était leur destination. Reste à savoir qu’en faire.

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