Mohamed, l’avocat par qui le scandale arrive

Publié le 21 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

En ce mois de ramadan, on ne devrait évoquer que des sujets consensuels, propres à accroître la joie et la bonne humeur. Malheureusement, on ne choisit pas les sujets de l’actualité : c’est l’actualité qui les choisit. Aux Pays-Bas, l’actualité se compose entre autres d’une polémique autour d’un Marocain nommé Mohamed Fayçal Ennait. Ce monsieur n’est pas un délinquant ni un analphabète dépassé par les événements. C’est un avocat. Alors, on se dit : « Ah ! super, un Marocain de seconde génération qui fait des études, qui les pousse jusqu’à l’obtention d’un beau diplôme », etc.
Avant de vous enthousiasmer, écoutez la suite. Donc, Ennait devient avocat, bravo, mais voilà que, dès sa première audience au tribunal, il crée le scandale : il refuse de se lever quand les juges entrent dans la salle d’audience. Les huissiers font des signes, ses collègues lui donnent des coups de coude, rien n’y fait : l’ami Fayçal reste collé à son siège. Quand le président du tribunal lui demande s’il a un problème, il répond : « Je refuse de me lever devant des hommes, car tous les hommes sont égaux, c’est ma religion qui le dit. »
À ce moment-là, tout est encore possible : que les juges haussent les épaules et passent à l’ordre du jour sans relever la provocation, que personne n’en parle et que la vie suive son cours. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Alertée, la presse fait ses choux gras de l’incident, et Ennait (barbe noire fournie, kamis et sandales) devient une vedette : les radios et les télés se l’arrachent, on le voit partout, insultant les présentateurs, postillonnant, hurlant dans un néerlandais de contrebande – on se demande comment il a réussi à décrocher son diplôme d’avocat.
À ce propos, tout le monde lui rappelle le b.a.-ba de la profession, à savoir qu’on se lève non pas devant des hommes ou des femmes, mais devant la fonction qu’ils représentent, et, de façon générale, en signe de respect et d’acceptation de la souveraineté du peuple. Rien n’y fait : Ennait ne bouge pas d’un iota, jamais il ne se lèvera devant la cour.
Cette histoire lamentable en a irrité plus d’un et, singulièrement, les membres de la communauté marocaine qui font de leur mieux pour s’intégrer et vivre tranquillement. Et la question éternelle revient : fallait-il que les journalistes rapportent l’incident – et fassent d’Ennait une vedette -, ou aurait-il mieux valu qu’ils taisent toute l’affaire et que la paix sociale soit préservée ? On vous laisse juges.

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