Un gouverneur hausse le ton contre les Chinois
Dans une tribune publiée dans le Financial Times, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria s’en prend aux méthodes « impérialistes » de la Chine sur le continent. Il plaide pour une réflexion économique intransigeante.
« Il est temps pour nous d’ôter les lunettes teintées de rose à travers lesquelles nous voyons la Chine. » Dans une tribune parue dans le quotidien britannique Financial Times, Lamido Sanusi dénonce des relations commerciales qu’il juge déséquilibrées entre l’Empire du Milieu et les pays africains, prêts à troquer l’exploitation de leurs immenses ressources naturelles contre des devises, des prêts et contre des produits bon marché mais de piètre qualité.
Nous devons non seulement produire localement des biens mais aussi repousser activement des importations chinoises découlant de politiques prédatrices
« La Chine s’empare de nos matières premières et nous vend des biens manufacturés. C’était également l’essence du colonialisme », souligne le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria. Pire, d’après lui, la politique commerciale chinoise contribue de façon significative à la désindustrialisation et au sous-développement de l’Afrique.
Influence prédominante
Afin que son immense manne pétrolière et gazière (qui représente en moyenne 36 % du PIB et plus de 97 % des exportations) profite au maximum au Nigeria, le gouvernement applique depuis trois ans la politique dite de « local content », qui impose que l’essentiel de l’activité liée aux hydrocarbures soit assuré par la main d’oeuvre locale ou même des entreprises à capitaux majoritairement nigérians. Ce qui n’empêche pas la Chine de développer son influence dans le pays, comme dans le reste du continent – ses échanges commerciaux avec l’Afrique ont été multipliés par 20 depuis 2000 pour atteindre 200 milliards de dollars. Selon Lamido Sanusi, une moindre dépendance à la Chine, désormais deuxième partenaire économique de l’Afrique, passera nécessairement par une forte réaction des décideurs politiques et économiques qu’il appelle à se ressaisir. « Nous devons non seulement produire localement des biens mais aussi repousser activement des importations chinoises découlant de politiques prédatrices. » Face à une Chine ne cherchant qu’à servir ses propres intérêts, la « romance » doit céder la place à une réflexion économique intransigeante.
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