De Sidi Bel-Abbès à Alger

Publié le 21 septembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Cette année, je me suis décidé à la dernière minute pour « descendre au bled », comme on dit. Je n’ai pas trouvé de billet Oran-Marseille pour revenir en France en ferry et je me suis rabattu sur un vol Alger-Paris. À Sidi Bel-Abbès, où j’ai passé mes vacances, le départ de l’autobus est prévu pour 7 h 15. Nous démarrons à l’heure dite dans un véhicule neuf et climatisé, pour la modique somme de 550 DA (5 euros). Quand on pense aux anciens autobus d’État, toujours vétustes et en retard, on se dit qu’une dose de libéralisme ça a du bon. Même les Algériens semblent avoir changé : pas de bousculades ni de pieds sur les sièges
Le voyage commence agréablement. Une fillette de 9 ans me fait la conversation tandis que le paysage défile. Les oliviers de Sig laissent bientôt la place aux vergers de l’Ouarsenis. Voir la ville de Chlef me conforte dans l’idée que l’Algérie prend la voie du développement. En plus, nous longeons la superbe autoroute est-ouest que les Chinois sont en train de construire.
Après une collation, nous reprenons la route vers 13 heures, sous un soleil de plomb. Heureusement, il y a la climatisation dans le bus Mais voilà que celle-ci commence à donner des signes de faiblesse. Nous commençons à transpirer tandis que le bus réduit progressivement sa vitesse. Il trouve la force de dépasser Aïn Defla et Khémis-Méliana, traverse le village de Chiffa puis, après avoir dépassé le col, s’arrête sur le bas-côté. On ne nous donne pas d’explication. Nous descendons du véhicule et je demande au receveur ce qui se passe. « Maalabalich anaya », répond-il (« j’en sais rien » en arabe). Au bout de 30 minutes, il nous informe qu’un bus viendra de Khémis pour nous prendre. Quand ? « Maalabalich anaya ! »
Lorsque le bus arrive enfin, nous constatons qu’il est plus petit que le précédent et, surtout, presque plein ! Comme dans le film Titanic, nous faisons passer « les femmes et les enfants d’abord » Mais la comparaison s’arrête là : Leonardo Di Caprio a été remplacé par un homme en tenue salafiste – barbe et kamis réglementaires -, qui se met à marmonner des prières à côté de moi. On laisse passer les enfants, les femmes, les vieux hadj et on court chercher nos bagages dans le premier bus. Après avoir perdu plus d’un litre de sueur, je me retrouve debout dans la travée, serré comme une sardine. Mon salafiste, lui, est assis côté fenêtre. Ses prières ont dû être exaucées
Nous repartons, mais lentement, très lentement Et sans climatisation. Je demande alors à un jeune homme si l’allure est restée la même depuis le début. Il me répond qu’il a l’impression « d’être né dans le bus » ! Par ailleurs, le civisme a disparu : sans climatisation, les fenêtres sont ouvertes, les sacs plastiques jetés dans la nature et les pieds appuyés sur les sièges. Autre problème : le bus n’a pas prévu de passer par Blida, contrairement au premier Le chauffeur doit piler et faire descendre une dizaine de passagers sur la bande d’arrêt d’urgence. Ils feront les 5 km qui les séparent de leur ville dans une carriole tirée par un âne
Peu après, nous arrivons enfin en vue d’Alger et l’effervescence s’empare de nous. La distance de sécurité, ici, n’existe plus et l’envie de doubler se fait pressante. Un passager joue d’une derbouka improvisée pour encourager le chauffeur à se frayer un chemin au klaxon pendant que la moitié du bus tape des mains en riant J’adore les Algériens !
Il est 17 h 15 quand nous arrivons enfin à la gare routière d’El-Kharrouba à Hussein Dey, après dix heures de trajet et seulement quatre heures de retard. Ouf ! Une fois le soir venu, en dégustant des brochettes chez Pino à Sidi Fredj, je peux admirer la baie jusqu’à Tipaza. Et je me dis que, décidément, j’adore l’Algérie L’Algérie éternelle !

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