Courrier des lecteurs

Dans le bourbier afghan
– Les arguments de Nicolas Sarkozy sur la guerre en Afghanistan (comme ceux qu’il a déployés lors de l’hommage aux dix soldats récemment tués au combat) ont de quoi émouvoir et faire tressaillir ! Surtout si on se souvient de la prose des illustres prédécesseurs du président français sur l’engagement de la France en Indochine Tôt ou tard, la réalité finira par s’imposer, comme dans les années 1950 ! À cette époque, en effet, le corps expéditionnaire français (même dirigé par des chefs de renom comme de Lattre de Tassigny et Cogny, et constitué de troupes coloniales aguerries comme d’unités métropolitaines de métier) ne fut jamais en mesure d’imposer sa volonté à un Vietminh déterminé, qui mit fin à ce qui restait de la réputation d’invulnérabilité de l’armée française (batailles de Louang Prabang, de Cao Bang, et de Diên Biên Phu). M. Sarkozy ne devrait-il pas se ranger à l’avis de cette majorité de Français qui appréhende l’enlisement de son armée dans le bourbier afghan ?
Brahim Roudani, Rabat, Maroc

Berlusconi gagnant
– Je pense que le montant du dédommagement de 5 milliards de dollars que l’Italie doit verser à la Libye aurait dû rester secret. Sa divulgation constitue un affront au peuple libyen qui voit ses malheurs de la période coloniale évalués en argent comptant. Même si le politiquement correct parle plutôt de donation, un pays aussi riche en pétrodollars a-t-il besoin d’une telle bouchée de pain, même pour satisfaire l’ego de Kadhafi ?
Le véritable bénéficiaire de cet accord est le Cavaliere, qui assurera à son pays et à ses entreprises une présence économique en Libye pendant des décennies. Kadhafi n’est que le dindon de la farce auquel s’applique le proverbe tunisien : « Il a beau jeûner toute la journée, il se contentera pour la rupture du jeûne d’un bulbe d’oignon ! »
Ali Bakhti, Ariana, Tunisie

Fin de l’afro-pessimisme ?
– Au vu des crises qu’il y a eu en Côte d’Ivoire, au Kenya et au Zimbabwe, je me demande si nous atteindrons un jour la maturité politique et l’autosuffisance économique Quand allons-nous en finir une fois pour toutes avec l’afro-pessimisme ? Quand cesserons-nous de voir ces images terribles où des Africains mettent leur vie en danger sur les mers en espérant atteindre une vie meilleure ?
Même si l’Occident nous a colonisés pendant plusieurs siècles, aujourd’hui nous sommes libres et devons nous armer de courage, d’abnégation et de patience pour résoudre nos difficultés.
Personnellement, j’attends deux choses de mon président : des avancées sociales et des libertés politiques. C’est-à-dire de pouvoir vivre dans une société ou les idées contraires sont respectées, où la présence d’un avocat lors d’un procès est normale et où la justice est indépendante du pouvoir.
Mawel Houssein, par courriel

Pauvres mais libres
– Les détracteurs de l’Afrique noircissent le continent sur tous les points. En premier lieu les Européens et autres Occidentaux qui avancent avec dédain et mépris que l’Afrique est le continent de la pauvreté. Il est vrai que nous, Africains, sommes pauvres, mais nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage, comme le disait Sekou Touré il y a soixante ans !
Christian Louhou, Le Mée-sur-Seine, France

Excuses médiatiques
– Permettez-moi de répliquer tardivement à l’éditorial paru dans J.A. n° 2475. Comment expliquer les erreurs « humaines » des journalistes si ce n’est par la recherche de scoops à tout prix ? Ce scoop qui fera la une des quotidiens et l’ouverture des journaux télévisés de 20 heures ? C’est regrettable, surtout lorsqu’on songe aux dommages de ces dérives sur la société (sentiments de peur, de panique, d’insécurité et de lassitude dans la vie quotidienne). Toutes les excuses du monde n’amortiront pas les effets néfastes des erreurs médiatiques. D’ailleurs, l’orgueilleuse et pédante chaîne Al-Jazira refuse de s’excuser parce que, dans son Arabie heureuse, elle est loin des tumultes du Maghreb !
Docteur Fouad Ayadi, Kesra, Tunisie