Avec Muhammad Yunus, le social business part à la conquête de l’Afrique

Muhammad Yunus, le fondateur de la Grameen bank, Prix nobel de la paix en 2006, était à Tunis pour lancer une tournée africaine. Le projet vise à piloter des expériences de « social business » en coopération avec la Banque africaine de développement.

Pour Muhammad Yunus, le social business peut s’appliquer partout dans le monde. © AFP

Pour Muhammad Yunus, le social business peut s’appliquer partout dans le monde. © AFP

Publié le 14 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

« Je crois qu’il est possible de reléguer la pauvreté au musée, et de dire adieu au chômage ». Aujourd’hui, aucun homme politique ne se risquerait à promettre ce que défend Muhammad Yunus. Le prix Nobel de la Paix 2006, fondateur de la Grameen bank et promoteur du concept de « social business », aborde le continent africain avec un enthousiasme renforcé par le succès d’un modèle qui a fait ses preuves. « La façon conventionnelle de faire des affaires vise le profit, l’enrichissement de celui  qui détient l’entreprise, Dans le social business, l’idée est que le profit est pour les autres », a expliqué le « banquier des pauvres » à un parterre d’enseignants et d’étudiants de l’IHEC (Institut des hautes études économiques de Carthage), à Tunis. « Mais à la différence de la charité, le modèle économique doit être autosuffisant. Si profit il y a, il est réinvesti dans le projet ou dans un autre », poursuit Muhammad Yunus. À la base de ce concept et de sa réussite, existe aussi la volonté de « régler un problème » au lieu de faire du profit.

Le social business doit permettre à la fois de créer des emplois mais aussi de faire naître des opportunités pour l’entrepreneur, que chacun peut être.

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Épanouissement en Afrique

« Le social business n’est pas réservé au tiers monde, explique l’économiste bangladais . Nous sommes aux Etats-Unis depuis 2008, avec six banques à New York et une moyenne de 800 USD de prêt par projet : le système financier n’est pas en contact le terrain alors que c’est là qu’il faut soutenir les initiatives ».

Repères

La Grameen Bank compte plus de 8,4 millions de membres, 97% d’entre eux sont des femmes. Depuis sa création, elle a prêté plus de 12,5 milliards de dollars. La Yunus Social Bank (YSB) installe et gère des fonds d’incubation pour des social business dans des pays en développement.

Programme YSB -BAD: A partir de juillet 2013 : mise en place d’un fonds d’incubation et de projets pilotes en Tunisie et au Togo.

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Cette vision, Muhammad Yunus, souhaite la voir s’épanouir en Afrique, tout comme la Banque africaine de développement (BAD) qui a invité le prix Nobel à présenter son modèle à Tunis, tout en se proposant de soutenir des projets pilotes dans le domaine. Après une conférence en Tunisie le 13 mars, le voyage africain de Muhammad Yunus doit se poursuivre au Togo et en Ouganda. « Le social business doit permettre à la fois de créer des emplois mais aussi de faire naître des opportunités pour l’entrepreneur, que chacun peut être. »

Tunis, pas au hasard

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Le point de départ n’a pas été fixé par hasard en Tunisie selon Muhammad Yunus. « Il s’agit de ma première visite, je me devais d’être ici où un processus a commencé. Les Tunisiens sont habitués à se débrouiller seuls, mais s’ils le font, ils ont besoin d’un minimum de soutien institutionnel, d’un cadre qui les aide, et ils ont besoin de sentir qu’ils sont citoyens. » Une déclaration qui résonne particulièrement alors qu’un vendeur de cigarette s’est donné la mort par immolation en plein centre de Tunis, plus de deux ans après le geste désespéré de Mohamed Bouazizi qui a déclenché la révolution tunisienne. « Les gens savent bien que les miracles n’arrivent pas en une nuit, estime Muhammad Yunus, affecté par la nouvelle, mais ils ont besoin d’un processus qui engendre de l’espoir ; qu’ils puissent se dire : si cela ne change pas pour moi maintenant, cela va changer pour mes enfants. Le travail réalisé avec le social business peut crééer cet espoir ».
 

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