Marseille, le retour ?

Publié le 21 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Marseille est une ville exaspérante. On croit pouvoir la clouer au pilori pour la saleté de ses rues et son métro qui s’arrête à la tombée de la nuit. Et voilà qu’elle éblouit celui qui la contemple depuis le Pharo.
Des grèves de dockers suicidaires et des sabotages des parcmètres du centre-ville, on ne comprendra rien si l’on est de passage, sinon la stupidité de ces archaïsmes. En revanche, « l’estranger » tombera sous le charme de superbes fiestas de quartiers et d’une flopée de troupes de théâtre qui font de la ville de Pagnol l’une des plus culturelles de France.
Le personnel politique caricatural par son art du clientélisme fera hurler de rire, mais il accueille ces jours-ci le prix Albert-Londres, le Goncourt des journalistes. Courageux !
On pourrait poursuivre longtemps cette découverte en clair-obscur de la métropole phocéenne, et notamment en rappelant qu’elle a, là où bat son cur, deux spécificités quasiment antagonistes et que ne possède aucune autre ville de France : une bien jolie calanque (le Vieux-Port) et les « cités », puisque le Maghreb et les Comores habitent la Canebière et le Panier, autant dire – pour un Parisien – les Champs-Élysées et le Marais

Alors ? Marseille, caricature d’elle-même ou Marseille, capitale des Suds ? Avant de répondre, disons qu’elle relève d’une grosse déprime consécutive à la perte de colonies qui avaient fait d’elle une ville remplie de Crésus au début du XXe siècle ; elle est aujourd’hui une ville pauvre et peuplée d’administrations publiques, car « jeunes pousses » et nouvelles technologies l’ont quittée pour les abords d’Aix et d’Aubagne.
Depuis vingt ans, elle est aussi veuve d’un maire hors pair et parfaitement dictatorial, Gaston Defferre, qui l’a façonnée, mais en l’isolant de son arrière-pays. Et qui n’a pas su, pu ou voulu trouver les activités de substitution aux huileries, savonneries, chantiers de réparation navale et moulins qui ont disparu les uns après les autres. Trop politicien pour faire de l’économie. Sous « Gaston », Marseille a donc perdu le Sud et la mer, les produits tropicaux et les bateaux.
De ces traumatismes, elle tente de se remettre. Elle apprend à séduire les touristes et à ne plus se contenter de son soleil et de sa Méditerranée. Elle s’essaie à l’urbanisme maîtrisé avec Euroméditerranée, qui est une véritable ville nouvelle au cur de la plus vieille ville de France. Elle qui était du genre cigale s’est mise à compter au point d’instituer des impôts bigrement lourds pour combler ses déficits. Ses élus s’essaient à travailler ensemble et même avec leurs voisins. Des lignes de tramways annoncent la domestication d’une voiture tout à fait insupportable. On rénove, on perce, on bâtit à tour de bras. Les prix de l’immobilier montent au ciel à cause de l’effet TGV. Les Marseillais redécouvrent Marseille.
Alors, Marseille, le retour ? Oui, mais encore un effort.

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