Le mal américain

Publié le 21 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Une récente étude du Journal of The American Medical Association, qui comparait l’état de santé des Américains et des Anglais, a inspiré à Paul Krugman, dans le New York Times, le commentaire suivant :
« Il y a manifestement dans la société américaine quelque chose qui fait que nous ne nous portons pas aussi bien que nous le devrions. Les auteurs de l’enquête ont comparé la prévalence de maladies comme le diabète et l’hypertension artérielle chez des Américains et des Anglais de 55 à 64 ans. Comparaison intéressante : les dépenses de santé par tête en Angleterre sont d’environ 40 % inférieures à celles des États-Unis, et son système est généralement considéré comme moins bon que celui de ses voisins, et en particulier celui de la France. En outre, la population anglaise ne passe pas pour avoir une alimentation ou un style de vie très sains.
Et pourtant, l’étude conclut que « les Américains sont en bien plus mauvaise santé que les Anglais ». Par exemple, il y a aux États-Unis deux fois plus de quadragénaires diabétiques qu’en Angleterre.
Encore plus frappant est le fait qu’être américain est mauvais pour la santé quelles que soient votre origine ethnique et votre classe sociale. Cette dernière, bien sûr, joue un rôle (l’étude ne portait que sur les Blancs non hispaniques). Dans tous les pays, il y a un lien entre la richesse et la santé. Mais la santé des Américains est tellement plus mauvaise, que le tiers des Américains les plus riches sont en moins bonne santé que le tiers des Anglais les plus pauvres.
Quelle est l’explication ?
L’absence d’assurance-maladie est certainement une raison de la mauvaise santé des Américains à faibles revenus, qui ne sont pas assurés, alors que tous les Anglais le sont au plan national. Mais presque tous les Américains ayant de bons revenus le sont à titre personnel.
Faut-il invoquer les mauvaises habitudes, ce que l’étude appelle les « facteurs de risques comportementaux » ? Certes, les Anglais boivent beaucoup, et les Américains mangent trop. Mais statistiquement, les mauvaises habitudes ne sont pas les seules explications. J’en avancerai deux possibles.
S’agissant du diabète, par exemple, les compagnies d’assurances américaines ne financent guère les soins de prévention, alors qu’elles remboursent des interventions coûteuses, telles que les amputations. En Angleterre, le National Health Service, bien qu’il n’ait qu’un budget limité, bénéficie d’une vue à plus long terme, donc d’un système de prévention plus efficace.
L’autre possibilité est que les Américains travaillent trop et souffrent davantage du stress. Ils travaillent en moyenne quarante-six semaines par an, contre seulement quarante et une pour les Anglais, les Français et les Allemands. C’est le risque d’une économie workaholic, où l’on se saoule de travail. »

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