Infirmières bulgares : l’attente
Le 11 mai, à Tripoli, la première audience du second procès des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien accusés d’avoir inoculé le virus du sida à 426 enfants libyens n’a duré que quelques dizaines de minutes. Le temps pour Mahmoud Chaouissa, le président du tribunal, de se faire présenter les prévenus et leurs avocats avant de renvoyer le procès au 13 juin. Curieusement, ce report n’a fait l’objet d’aucune critique. Me Othman Bizanti, le principal avocat de la défense, le considère comme un « bon début » prouvant « la volonté de la cour de mieux vérifier les faits et les preuves ». Me Emmanuel Altit, son collègue français, le confirme : « Le renvoi est techniquement normal. » Les défenseurs n’ont certes pas retrouvé une confiance inébranlable dans l’indépendance de la justice libyenne, mais ils savent que le contexte leur est plus favorable que lors du premier procès, en mai 2004, à l’issue duquel les six accusés avaient été condamnés à mort.
Luc Montagnier, le découvreur français du virus du sida, et son collègue italien Vittorio Colizzi ont toujours affirmé que la contamination avait commencé à l’hôpital Al-Fatih de Benghazi avant même le recrutement des praticiens étrangers. Les conditions d’hygiène dans cet établissement sont en effet encore pires qu’ailleurs en Libye. La ville de Benghazi étant réputée frondeuse, les autorités ont en effet tendance à y laisser les services publics aller à vau-l’eau. Refusant de reconnaître leur responsabilité dans le drame, les responsables libyens ont cyniquement choisi de faire des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien des boucs émissaires. « À leurs yeux, c’était le seul moyen d’éviter une nouvelle révolte à Benghazi », commente un observateur.
Soumis à de très fortes pressions étrangères, notamment américaines, Mouammar Kadhafi a quand même fini par faire machine arrière. Le 25 décembre 2005, la Cour suprême libyenne a annulé les condamnations à mort et ordonné un nouveau procès devant la même cour pénale de Benghazi – délocalisée pour l’occasion à Tripoli. À l’évidence, il s’agissait une nouvelle fois d’éviter de provoquer une flambée de colère à Benghazi dans l’hypothèse où le tribunal innocenterait les accusés.
Par ailleurs, un fonds de compensation alimenté notamment par les États-Unis et l’Union européenne a été créé en janvier. Il servira à indemniser les parents des victimes et à prendre en charge les soins des patients, qui, tous, devraient être incessamment hospitalisés en France et en Italie.
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