Un estomac très médiatique

Publié le 21 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

En appelant au chevet de Fidel Castro un spécialiste espagnol des maladies intestinales, le Dr José Luis García Sabrido, les autorités cubaines ont pris le risque d’ouvrir une brèche dans le mur de silence dressé autour de la maladie du chef de l’État cubain. Fin décembre, dès son retour à Madrid, Sabrido s’est empressé de démentir devant la presse que le Líder Máximo ait développé un cancer : « Pour autant que je sache, il n’a aucune tumeur maligne. » Indiquant que celui-ci se trouvait actuellement en phase de « réhabilitation, surtout nutritionnelle et musculaire », il n’a même pas exclu qu’il puisse un jour assumer à nouveau la charge du pouvoir.
Mais le temps passe et Castro ne s’est toujours pas montré à la télévision. Sa dernière apparition remonte au 28 octobre, quand, après deux mois de silence, il avait démenti être « moribond ou mort ». Très amaigri, il était manifestement en fort mauvaise forme. Du coup, ses dénégations n’avaient convaincu personne. Le 30 décembre, c’est par un communiqué qu’il a adressé ses vux à ses compatriotes à l’occasion du 48e anniversaire de la révolution.
Et voilà que le 16 janvier, citant des sources médicales proches de l’hôpital madrilène où travaille Sabrido, le quotidien El País affirme sur son site Internet que Castro est « au plus mal » et souffre d’une « grave infection intestinale, doublée d’une péritonite ». Information aussitôt démentie par Sabrido en personne. « Une histoire inventée », renchérit un diplomate cubain. Le lendemain, dans son édition papier cette fois, El País livre à ses lecteurs, schéma à l’appui, tous les détails des opérations subies par Castro depuis le 27 juillet. On y apprend notamment que la solution médicale retenue a consisté à enlever la partie infectée de l’intestin, puis à raccorder la partie saine au rectum. Las, la suture aurait fini par lâcher, provoquant une nouvelle et grave infection.
Toute cette agitation médico-politico-médiatique prouve au moins deux choses. La première est que les services de renseignements américains, qui avaient annoncé que le Líder Máximo était atteint d’un « cancer en phase terminale », sont décidément mal informés. La seconde que, contrairement à une légende complaisamment colportée, Cuba est très loin de posséder l’un des meilleurs systèmes de santé au monde. Esperanza Aguirre, la présidente de la région autonome de Madrid, a d’ailleurs fait savoir que, depuis le mois de juin 2006, ses services font parvenir à La Havane des stocks de médicaments destinés à « répondre à une demande d’aide humanitaire ». En fait, à soigner Fidel Castro.

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