Épilogue judiciaire pour Swissair

Publié le 21 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Le plus spectaculaire procès économique jamais organisé en Suisse s’est ouvert le 16 janvier dans la petite ville de Bülach, près de Zurich. Il devrait durer deux mois. Les dix-neuf inculpés sont accusés de gestion déloyale, de fraude fiscale et, surtout, d’avoir illégalement effacé la perte colossale de 2,9 milliards de francs suisses (2 milliards d’euros) subie par Swissair au cours de l’exercice 2000. Moins d’un an plus tard, le 2 octobre 2001, les avions à la croix blanche sur fond rouge restaient cloués au sol, faute d’argent frais. Deux jours plus tard, la compagnie déposait son bilan.
La mort de Swissair a été ressentie par les Suisses comme une humiliation. Dans les années 1980, la compagnie était surnommée « la banque volante » en raison de ses remarquables performances financières. Elle tenait tête à ses consurs européennes, bien que dans l’incapacité d’accéder librement aux mêmes marchés qu’elles (la Suisse n’étant pas membre de l’Union européenne). Et c’est justement ce qui a causé sa perte.
À partir de 1994, ses dirigeants se sont en effet lancés dans une politique agressive – et extrêmement coûteuse ! – d’acquisitions tous azimuts en vue de conquérir 20 % du marché européen, seuil considéré comme critique pour être compétitif au niveau mondial. Tour à tour, la belge Sabena, l’italienne Volare et les françaises Air Littoral et Air Liberté sont tombées dans son escarcelle. La plupart seront entraînées dans sa chute.
Plus que le nombre des accusés, c’est leur qualité qui donne à ce procès sa dimension exceptionnelle. On retrouve en effet dans le box des dirigeants d’entreprise de tout premier plan comme les anciens patrons d’Holcim, le géant mondial du ciment, et du Crédit suisse, ainsi que deux ex-conseillers d’État. Tous étaient membres du conseil d’administration de Swissair au moment des faits.
Le clou du procès sera évidemment constitué, à partir du 22 février, par la comparution des deux derniers patrons de Swissair : Philippe Brüggisser, principal artisan de la funeste stratégie d’acquisitions (de 1998 à 2001), et Mario Corti, qui lui a succédé et s’est battu six mois durant pour la survie de la société.

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