Khalida, Bologhine et les grincheux

Publié le 21 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

L’inauguration, le 12 janvier, de la manifestation baptisée « Alger, capitale de la culture arabe » a été grandiose. Une gigantesque scène en forme d’étoile, un décor uniquement constitué de lumières, une chorégraphie moderne, une scénographie parfaitement maîtrisée De mémoire d’Algérien, pour peu qu’il soit de bonne foi, on n’avait jamais vu spectacle techniquement et artistiquement aussi abouti. Mais c’est l’aspect linguistique qui a sans doute le plus surpris les visiteurs arabes : leurs hôtes les ont en effet accueillis en parlant le dialecte algérien. Une première dans ce genre d’événement.
Évocation de l’histoire passablement chaotique de l’Algérie, le spectacle proposait notamment un dialogue imaginaire entre Bologhine, le fondateur de la dynastie berbère et de sa capitale (Alger), le peintre miniaturiste Mohamed Racim et Hassiba Ben Bouali, l’héroïne de la guerre de libération, sur un fond musical mêlant nouba andalouse, rock, flamenco, raï et musique symphonique. Le rap de Lotfi Double Canon supplantant les mélopées d’Oum Kalsoum ? Il fallait oser. Khalida Toumi, la ministre de la Culture, qui jouait les maîtresses de cérémonie, l’a fait, ce qui lui a valu de se faire lyncher – verbalement ! – par la majeure partie de la presse arabophone privée, qui ne lui pardonne pas d’avoir dévoyé la sacro-sainte arabité de l’Algérie, dénudé les bras des danseuses et habillé les choristes de décolletés vertigineux. Bref, de s’être beaucoup éloignée des « constantes nationales », comme on dit ici.
Les détracteurs de Toumi ne se recrutent d’ailleurs pas uniquement chez les islamistes et les conservateurs. Il s’est trouvé quelques militants des arouch, ces comités de villages qui, il y a quelques années, prirent la tête de la protestation kabyle, pour l’accuser d’avoir choisi la date du 12 janvier, qui coïncide avec Yennayer, le nouvel an berbère, pour le lancement officiel d’une « manifestation exclusivement arabe ». Dommage pour Farid Aouameur, le chef d’orchestre et concepteur du spectacle. Dommage pour les 250 artistes et les 400 techniciens, qui ont accompli un travail remarquable. Dommage, aussi, pour le réalisateur, qui a magistralement dirigé la diffusion en direct de l’événement sur les trois chaînes de la télévision algérienne.

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