Une Fallaci française ?
Publié le 20 novembre 2005 Lecture : 1 minute.
Spécialiste de l’ex-Union soviétique et secrétaire perpétuelle de l’Académie française, l’historienne Hélène Carrère d’Encausse vient de déraper gravement. À la manière d’une Oriana Fallaci, la journaliste italienne transformée depuis quelques années en Pasionaria de la xénophobie, elle explique à sa manière la crise des banlieues françaises sur la chaîne russe NTV :
« Ces gens, ils viennent directement de leurs villages africains. Or la ville de Paris et les autres villes d’Europe, ce ne sont pas des villages africains. Par exemple, tout le monde s’étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l’école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C’est clair : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et vingt-cinq enfants. Ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues. » Conclusion : « Lorsque Nicolas Sarkozy les a appelés « voyous » et « racailles », ces jeunes gens, ces chéris, ont demandé qu’il s’excuse. En France, nous avons une abominable manie des excuses. »
Venant d’une telle sommité académique, ces propos ouvertement racistes n’en sont que plus choquants. D’autant qu’ils sont relayés par certains responsables politiques. Gérard Larcher, par exemple, le ministre (UMP) délégué à l’Emploi, au Travail et à l’Insertion professionnelle des jeunes, est convaincu que la polygamie a « joué un rôle » dans les récentes violences urbaines. Davantage, sans doute, que le chômage qu’il est chargé de combattre – avec le succès que l’on sait ! Tout cela ne fait que mettre en évidence, s’il en était besoin, le mur d’incompréhension qui sépare une partie de la France de ses banlieues. Qu’à 76 ans, Hélène Carrère d’Encausse n’ait toujours pas compris que ces jeunes dont elle parle à peu près dans les mêmes termes qu’un Vladimir Poutine le fait des Tchétchènes ne sont pas africains mais français est simplement affligeant.
