La nouvelle BAD

Publié le 20 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

A la Banque africaine de développement (BAD), il n’y a ni révolution ni chasse aux sorcières. Seulement une évolution normale des choses. L’arrivée, le 1er septembre, d’un nouveau président implique naturellement un changement de son « top management ». Et il est regrettable que des cadres ayant passé dix ou vingt ans à la Banque refusent de céder la place et crient au scandale, accusant le nouveau président d’être « proaméricain », de saquer les « profrançais »…
Pourtant, le Rwandais Donald Kaberuka a été élu sur la base de ses compétences et de son programme (parmi sept candidats), est parfaitement bilingue et a une solide expérience financière. Les 77 États actionnaires de la Banque (53 africains et 24 européens, américains et asiatiques) ne lui ont pas confié sur un coup de tête la gestion d’une vingtaine de milliards de dollars sur cinq ans.
Après deux mois de consultations et d’analyses des dossiers, Kaberuka a annoncé, le 24 octobre, le départ – volontaire ou non – de quatre vice-présidents (un Nigérian, un Mauritanien, un Camerounais et un Canadien) et du secrétaire général (un Sénégalais). Il a gardé – en leur ajoutant de nouvelles responsabilités – un vice-président, le Français Thierry de Longuemar, et un chef économiste, l’Éthiopien Henock Kifle. Il a recruté comme conseiller Sushil K.C. Khushiram, ancien ministre mauricien de l’Économie. Et a assuré que tous les nouveaux recrutements se feraient selon des procédures transparentes sur la base d’abord de la compétence et ensuite de la nationalité ou du sexe. À aucun moment Kaberuka n’a dénigré le bilan de son prédécesseur, le Marocain Omar Kabbaj, et les réformes qu’il a engagées. Au contraire, tout le monde s’accorde à féliciter le président sortant pour l’immense travail accompli entre 1995 et 2005. Une action qui a sauvé la Banque d’une mort certaine. Grâce à Omar Kabbaj, la confiance des bailleurs de fonds a été rétablie.
Kaberuka prend logiquement la suite en lançant la Banque sur une nouvelle trajectoire de croissance. La BAD a accumulé les projets (plus de 3 000) et les engagements (près de 55 milliards de dollars). Et n’a pas assez « déboursé » en raison d’une lenteur dans le processus d’exécution : près de 22 milliards attendent d’être décaissés… Kaberuka veut s’entourer de nouveaux managers pour rapprocher la Banque de ses clients, être davantage à leur écoute. D’où sa décision de réunir, les 22 et 23 novembre, à Tunis, tous les ministres africains des Finances pour traiter les questions d’urgence – atténuer l’impact du choc pétrolier, accélérer l’effacement de la dette extérieure – et tracer l’avenir.

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