Frères d’infortune

Publié le 20 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

L’argent, on le sait, peut faire perdre la tête, et même un doigt. Attirés par l’appât du gain, certains sont prêts à tous les subterfuges pour amasser rapidement des espèces sonnantes et trébuchantes. Je ne parle pas des banals voleurs en tout genre : fonctionnaires corrompus, petits truands ou vide-goussets des rues qui, ma foi, ne font pas tellement preuve d’imagination pour dérober les écus d’autrui. Je me suis intéressée à deux cas récents qui démontrent à quel point la convoitise peut conduire aux pires extrémités.

Mon premier est un sexagénaire marseillais, ancien employé à la morgue de sa ville, qui a vécu cinq ans avec le cadavre de sa mère dans son appartement. Non par attachement excessif à la défunte, décédée à l’âge de 94 ans de mort naturelle, mais pour une seule et unique raison : continuer à percevoir les 700 euros mensuels de la pension. Et qui sait, donner raison à l’adage selon lequel « l’argent n’a pas d’odeur »… Vivant reclus dans un deux pièces jonché d’immondices, l’homme imitait la voix de la vieille femme pour tromper les représentants des services sociaux qui, alertés par le voisinage, sonnaient à la porte.

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Mon deuxième est un dentiste hollandais qui pensait avoir de l’esprit jusqu’au bout des doigts mais qui ne possédait pas un sou de bon sens. Pour s’enrichir à moindres frais, l’homme s’est tranché lui-même un doigt avant de jeter sa voiture contre un arbre pour simuler un accident. Il est ensuite allé tendre sa main à quatre doigts pour réclamer 1,8 million d’euros à son assurance, prétextant avoir été mutilé par le volant. Trahi par le taux d’anesthésiant dans son sang et la forme de la coupure, qui ne pouvait être due au volant, le quidam a vu l’argent lui filer entre les doigts. Pis, il a écopé de six mois de prison avec sursis, de 240 heures de travaux d’intérêt général… et d’une amende de 25 000 euros. On peut dire qu’il s’est fourré le doigt dans l’oeil jusqu’à l’omoplate !

Mon tout pose cette question : « Doigt-on s’enrichir à tout prix ? » Car notre ami hollandais, qui espérait faire fortune, a dû se mordre les doigts de son imprudence, ce qui est un comble pour un dentiste ! Surtout qu’à défaut de réussir à amasser une manne, il aurait pu économiser quelques phalanges. Qui irait le plaindre ? Après tout, plaie d’argent n’est pas mortelle !

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