Folie : mode d’emploi
Publié le 20 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.
Au Proche-Orient, Israël possède le monopole de l’arme nucléaire. Très logiquement, les Israéliens n’ont aucune envie de voir ce monopole brisé. Surtout si le voisin qui cherche à se doter de l’arme nucléaire prône ouvertement la destruction de leur État. Bien entendu, ils ne pensent qu’à réagir préventivement. Comme ils l’avaient fait en 1981 en détruisant la centrale nucléaire Osirak de Saddam Hussein.
Les Israéliens ont tellement envie d’intervenir qu’on a le devoir d’imaginer qu’ils vont tenter de le faire. Mais le peuvent-ils ? Le territoire iranien est immense, et les sites nucléaires sont très éloignés d’Israël. Pour attaquer l’Iran, les avions israéliens doivent effectuer de multiples ravitaillements en vol. Les appareils se trouvent alors dans une vulnérabilité extrême – sauf s’ils bénéficient d’une « supériorité aérienne totale ». Or l’Iran dispose d’une défense aérienne de qualité. Il est donc clair que les Israéliens ne peuvent rien entreprendre de significatif sans l’appui massif des Américains. Ces derniers sont-ils prêts à intervenir ? De nombreux « faucons » dans l’entourage de George Bush le souhaitent et ne s’en cachent pas.
Mais que peuvent-ils faire ? Détruire les sites nucléaires iraniens ? C’est possible, mais ils n’y arriveraient pas complètement. Il est assez facile pour une grande puissance militaire d’envoyer des missiles de croisière sur les sites de surface en construction. Il est assez facile d’empêcher toute implantation de centrale nucléaire. Mais il n’en va pas de même avec les sites d’enrichissement de l’uranium. Les Iraniens ne sont pas des sots et ne laissent sûrement pas en surface toutes les centrifugeuses destinées à l’enrichissement de leur uranium 235. Certes, les Américains disposent de bombes très puissantes, spécialement étudiées pour pénétrer sur des dizaines de mètres de profondeur avant d’exploser. Mais les Iraniens le savent bien. Alors, soit ils ont enfoui leurs installations d’enrichissement à plusieurs centaines de mètres à l’intérieur de leurs montagnes, soit ils ont construit des galeries au parcours aléatoire non détectables par des satellites. Un satellite peut fort bien voir l’entrée d’une galerie, mais après cette entrée il ne peut pas savoir où se situent exactement les installations secrètes.
Une force aérienne, aussi puissante soit-elle, ne peut empêcher un pays comme l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Pour cela il faudrait y aller « à pied » et les Américains en sont parfaitement incapables. En revanche, s’il s’agit seulement de marquer le coup, alors les États-Unis n’ont que l’embarras du choix. Ils peuvent détruire n’importe quelle infrastructure iranienne. Mais à quel prix ? S’ils sont attaqués, les Iraniens peuvent très bien se venger sur les installations pétrolières des pays trop amis des Américains. Ils peuvent s’en prendre aux navires dans le détroit d’Ormuz Triste perspective pour l’ensemble de la planète. Si les Américains sont raisonnables ils ne vont pas se mettre – et nous mettre – dans un nouveau bourbier. Mais sont-ils raisonnables ?
