Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 20 mai 2007 Lecture : 5 minutes.

Panne de locomotive africaine
– L’analyse de Béchir Ben Yahmed sur le rôle de locomotive que doivent ou peuvent jouer, en Afrique, l’Égypte et le Nigeria (voir « Ce que je crois », J.A. n° 2417) est remarquable. Je voudrais cependant faire remarquer que le phénomène d’impulsion du développement n’est pas forcément et seulement lié à la taille d’un pays, pas plus qu’à l’importance de sa population. C’est, à mon avis, d’abord et surtout une question de discipline et d’orientation globale.
L’Asie ne doit pas son essor uniquement à la Chine, mais aussi aux quatre « dragons » (Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong et Singapour) qui ont instauré des échanges commerciaux et financiers extraordinaires avec d’autres pays de la sous-région et ont de ce fait donné naissance aux « tigres » (Malaisie, Thaïlande, Indonésie), et ce bien avant que la Chine ne fasse son entrée à l’OMC.
En revanche, en Afrique, c’est l’éternelle culture de l’égoïsme entre États et la généralisation voire la « structuralisation » de la corruption, du pillage des ressources publiques, et la navigation à vue qui déterminent la marche des pays et, par conséquent, le comportement de leur économie.
Je ne connais pas bien l’Égypte, mais je connais un peu plus le Nigeria, étant moi-même nigérien (donc très proche voisin) et je crois, pour l’avoir vu et tâté, à la puissance économique du Nigeria et à sa capacité potentielle de jouer ce rôle de locomotive. Mais le manque de prise de conscience de son poids sur le continent, son « indiscipline » politico-économique et la corruption érigée en système d’État font que cette perspective n’est pas si proche.
Ali Seibou Hassane, Casablanca, Maroc

De Mugabe à Bemba
– Le problème au Zimbabwe s’appelle Robert Mugabe. Vingt-sept ans au pouvoir. On se rapproche du record de Mobutu Sese Seko. La solution est qu’il n’y a pas de solution. Du moins pas tant que l’Afrique du Sud « renoncera à favoriser un changement de régime » tout en ayant conscience que ledit régime est répressif et incompétent. Une telle politique discrédite sérieusement les dirigeants de Pretoria alors qu’un grand nombre d’Africains voyaient en eux les leaders de la cause noire : paix et justice en Afrique. En effet, si l’Afrique du Sud est capable de fermer les yeux devant la situation de chaos qui règne au Zimbabwe, à plus forte raison fermera-t-elle les yeux face aux mêmes horreurs situées loin de ses frontières.
La paix en Côte d’Ivoire ? Je n’y crois pas une seule seconde. Mais peut-être suffit-il de croire en la paix moins d’une seconde, ne fût-ce qu’un millionième de seconde pour la rendre réalisable, réelle, durable. Si tel est le cas, je veux bien y croire moins d’une seconde. Le retour ou pas en RDC de Jean-Pierre Bemba fait couler beaucoup d’encre : au risque de déplaire aux « fous de Bemba », je tiens à prévenir que le sénateur ne reviendra pas en marchant sur les eaux mais dans son jet privé. Qu’il revienne ou pas, en quoi cela changera-t-il la situation des paralytiques, aveugles, loqueteux et autres déshérités ?
Tudieshe Katumba Dominique, Bordeaux, France

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Libéralisme abject
– On se rappelle que, dans un entretien sur la chaîne qatarie Al-Jazira, Mohamed Heykal avait évoqué le rôle de certaines sociétés privées dans la guerre en Irak. Puis un expert britannique a confirmé sur la même chaîne l’existence de ces entreprises en relevant l’impossibilité actuelle de les attaquer en justice. Ces entreprises sont chargées de « pacifier » certaines régions en Irak en vertu d’un contrat signé avec l’occupant britannique ou américain et dont les termes sont tenus secrets. Aucune trace de leur enregistrement dans les livres de commerce pour pouvoir les poursuivre devant les tribunaux. Voilà une des formes les plus abjectes du libéralisme économique où tout est permis, y compris le droit de tuer à grande échelle moyennant rémunération. Qu’attendent les médias pour dénoncer ce dérapage inadmissible du capitalisme ?
Mokhtar el-Khlifi, Tunisie

Oui, l’ONU sert à quelque chose
– Je réagis à l’article « Qui croit encore en l’ONU ? » paru dans J.A. n° 2415. Monsieur Rafaâ Ben Achour, je vous comprends : vous vivez dans un pays stable, la Tunisie, qui a la chance d’être proche de l’Europe. Dans les pays subsahariens, les Nations unies ont fait des choses louables ; je citerai à titre d’exemple la RD Congo, le Burundi, la Somalie, l’Érythrée Étant moi-même burundais et ayant subi les affres de la guerre, je trouve injuste de votre part de condamner cette institution.
La paix dans notre sous-région est l’uvre de l’ONU. Cette dernière a financé les élections en RDC, au Burundi Et c’est une réussite, ce qui n’était pas évident.
Certes, la situation du Moyen-Orient, l’Irak, l’Afghanistan ne constituent pas de bons exemples à l’actif de l’ONU, mais il faut éviter la globalisation. Je termine en invitant les pays qui sont passés par la même situation que nous, qui ont connu nos problèmes il y a moins d’un siècle, en particulier en Europe, à être indulgents à l’égard de l’ONU et à la soutenir plutôt. Ce « machin » sert à quelque chose pour les pays pauvres.
Jean-Marie Kameya, conseiller politique, 1re vice-présidence de la République du Burundi

Sarkozy, la réussite d’une ambition
– Force est de reconnaître que l’élection de Nicolas Sarkozy comme président de la République française est bien la réussite d’une ambition, d’un objectif, d’une option voulue et recherchée par un homme riche de valeurs humaines. Pour ce qui est des relations qu’il entretiendra avec le continent africain (voir J.A. n° 2391), n’a-t-il pas répondu au duo François Soudan/Marwane Ben Yahmed : « Je m’intéresse à l’Afrique et je la respecte » ?
Djibril Albert N’Diaye, île de Gorée, Sénégal

Mieux vaut quitter la France
– Le résultat de l’élection présidentielle en France a choqué les Africains, résidant ou non dans ce pays, mais aussi toutes les nations musulmanes. L’avenir des relations internationales sera marqué par des désordres de tout genre si jamais Sarkozy met ses discours d’incitation à la haine en pratique. Chers camarades africains et/ou musulmans, pour ne pas être humiliés et torturés, mieux vaut retourner chez nous avec fierté, quelles qu’en soient les conséquences, et bâtir nos pays.
Said Youssouf Mohamed, étudiant comorien à Fès, Maroc

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Culture de la mort
– Je travaille au Cameroun depuis vingt-sept ans, dans le secteur de la santé, et je suis italienne. Je lis régulièrement votre journal, qui m’aide pas mal pour avoir une réflexion plus approfondie sur le continent africain. La conclusion à laquelle je suis arrivée est que l’Afrique, le Cameroun en particulier, ne pourra pas changer s’il n’accepte pas de changer sa culture, qui est une culture de la mort. L’unique moment de vrai rassemblement est le deuil, qui est devenu un vrai business.
Franca De Simone, Centre de santé catholique de Nyamanga, Cameroun

Le show-biz a besoin de la presse
– J’ai été très contente de découvrir l’article que vous m’avez consacré (« Miss Jojo, la nouvelle voix du Rwanda », voir J.A. n° 2417). C’est vraiment la plus belle chose qui pouvait m’arriver pour ma carrière musicale. Vous y traduisez ma vie et mes pensées telles que je les sens, et je vous remercie pour tant d’attention. En plus, toute une page ! C’est vraiment fantastique. J’espère que l’article m’aidera à percer en Afrique et même, qui sait, plus loin. Vous savez, le show-biz va toujours avec la presse
Miss Jojo, Butare, Rwanda

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