Un gentleman à l’Elysée

Publié le 20 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

A en juger par l’exemple des États-Unis, où les relations entre le National Security Council (NSC) et le département d’État ont souvent été conflictuelles, cela devrait ressembler à une sorte de Quai d’Orsay bis, avec ce poids supplémentaire que lui donnera son adresse : le palais de l’Élysée. Mais Nicolas Sarkozy, à qui le très atlantiste Pierre Lellouche a soufflé l’idée, y tient : il y aura bel et bien au sein de la présidence un Conseil national de sécurité à la française qui, composé d’une quarantaine de membres, regroupera différents services jusqu’ici dispersés entre l’Élysée et Matignon : cellule diplomatique, cellule africaine, secrétariat général de la défense nationale et coordination du renseignement. De quoi inquiéter les diplomates des Affaires étrangères et les militaires de la Défense, très attachés à leurs prérogatives, ainsi que leurs ministres de tutelle respectifs.
Tout dépendra, il est vrai, de l’habileté du patron de cette nouvelle structure dont les contours exacts ne sont pas encore très clairs. Une qualité dont ne manque pas Jean-David Levitte, 61 ans, un homme d’expérience qui a connu l’Élysée sous Valéry Giscard d’Estaing en tant que chargé de mission, avant d’y revenir sous Jacques Chirac, de 1995 à 2000, comme conseiller diplomatique.
Ce spécialiste de l’Asie (il parle le chinois et le malais) fut ensuite représentant de la France auprès de l’ONU, où il eut notamment à connaître des crises irakienne, congolaise et ivoiriennes, puis ambassadeur à Washington, poste qu’il occupait depuis cinq ans. Sobre, élégant, courtois, très gentleman au sang froid, il avait épaté Sarkozy par son entregent et son adresse à déminer une relation franco-américaine passablement tendue. C’est dans une large mesure à lui que le nouveau président doit d’avoir pu se faire photographier dans le Bureau ovale de la Maison Blanche avec George Bush, en septembre 2006, alors qu’il n’était encore que ministre de l’Intérieur. Dominique de Villepin, avec qui Jean-David Levitte n’a jamais entretenu de relations étroites, en avait conçu une vive amertume. Et Sarkozy, une évidente reconnaissance.
En relation directe avec le chef de l’État et avec Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, le strict Levitte travaillera avec des collaborateurs et experts dont certains sont déjà connus : Bruno Joubert, qui devrait être le numéro deux du CNS (voir encadré ci-contre) ; Boris Boillon, qui avait pris la succession de David Martinon, nommé depuis porte-parole de l’Élysée, comme conseiller diplomatique du candidat Sarkozy et à qui pourrait revenir le secteur Maghreb-Proche-Orient ; Olivier Colomb, actuel ambassadeur en Norvège ; ou encore Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de Villepin.

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