Penser le monde en le lisant

Publié le 20 mai 2007 Lecture : 3 minutes.

Si certains doutent encore de l’« intelligence » du monde, qu’ils se réfèrent au numéro 8 de La Revue. Car, à l’évidence, c’est une performance éditoriale que d’avoir réussi à démontrer que les technologies constituent, malgré leurs perversités, une planche de salut pour l’humanité. Mieux, un territoire de création méconnu parce que trop anxiogène. Pourtant, l’étrange complicité qu’entretiennent nos amis japonais avec les robots (reportage de Raphaëlle Marcadal) peut laisser de marbre nombre des citoyens convaincus que ces machines n’ont rien à faire dans l’univers de l’homme sinon le tuer. Et pourtant, c’est tout le contraire De même, s’agissant des maisons du futur, l’architecte designer François Scali prouve (expérience du Havre-Bléville à l’appui) que, face au devoir de « développement durable » qui anime sa génération, il est possible de créer en masse un habitat révolutionnaire convivial et fonctionnel dont les propriétaires ne connaîtront jamais, énergies renouvelables obligent, les factures EDF !

C’est bien toute la vertu de La Revue que de creuser plus profond encore cette idée communément admise (mais jamais vraiment tentée) qu’il est possible de penser le monde en le lisant. Dans ce numéro 8, vous pouvez, en vous faisant plaisir, décrypter par petites touches successives ce qui vous attend, demain, dans votre quotidien. En choisissant une géopolitique éditoriale sobre mais ciblée (en fonction de l’intérêt commun des textes et des sujets), le lecteur en a assurément pour son argent (profitez-en : le prix du numéro est passé de 9 à 6 euros !).

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Autre exemple qui illustre la manière de traiter autrement de prospective sans avoir à faire bouillir ses neurones : à l’heure où le Festival de Cannes s’autocélébre pour ses 60 ans, Renaud de Rochebrune, spécialiste de cinéma à J.A., tente ici une percée futurologique dans cette industrie traversée par la peur de voir le septième art lui échapper ! Puisque, technologiquement parlant, tout le monde pourra faire son cinéma, comment trouvera-t-on le temps de découvrir une uvre ? Réponse dans ces pages

Ainsi va ce « traitement de l’avenir » vu par quelques dizaines de spécialistes et de journalistes animés par le seul désir de vous régaler l’esprit. Mais comme La Revue s’enquiert systématiquement de savoir où se nichent les rapports de force de la planète (et surtout, comment ils s’organisent), vous découvrirez aussi, sous la plume de Fouad Laroui, le premier épisode d’une saga historique sur les chiites. De quoi saisir, d’un trait, l’essentiel des enjeux politiques qui se trament du côté de l’Irak et de sa région. Comme vous n’avez jamais le temps de tout lire ce qui s’écrit de par le monde, Jean Foglizzo, fin observateur politique formé au FMI, a traduit et commenté pour vous un subtil ouvrage de l’américain Robert K. Brigham intitulé Is Irak another Vietnam ? et qui tombe à point nommé

Et parce que cette fois-ci les sondages ont, à quelques décimales près, prédit l’avenir politique de la France à court terme, pourquoi ne pas leur rendre hommage ? C’est ce à quoi s’est attelé l’universitaire Alain Cubertafond en nous faisant vibrer sur l’« éloquence muette des nombres ». Même sur ceux qui nourrissent le chiffre d’affaires de leurs instituts : 8 milliards de dollars !

Bref, puisque, dans son éditorial, B.B.Y. pose crûment la question de savoir « quelles chances l’espèce humaine a (t-elle) d’échapper à l’autodestruction ? », les 164 pages de ce numéro dense et limpide vous permettront largement d’en juger.

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