Goma-Gisenyi, la coexistence pacifique

Publié le 20 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Gisenyi – ou Rubavu, selon la nouvelle appellation -, à l’extrême ouest du Rwanda. Au bout du chemin cahoteux, un barrage : deux pieux soutenus par deux pierres et reliés par une longue ficelle. À gauche, un grand hangar à la toiture en tôle ondulée peinte en bleu. À droite, un petit bâtiment en briques cuites aux portes et fenêtres ouvertes à tout venant. Il y a foule. Une dame pose par terre une petite bassine pleine de tomates mûres. Une autre porte sur la tête des gerbes de poireaux. Plus loin, un jeune homme marche, la tête chargée d’une dizaine de bidons d’huile jaunes vides. Jolie figure géométrique ! À côté, des sacs de graminées sont descendus d’un camion tout blanc. Dans un autre véhicule, des ruminants beuglent, inquiets.
On croirait un marché. C’est la frontière entre Gisenyi et Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). L’endroit s’appelle « La Petite Barrière ».

Gisenyi et Goma s’imbriquent. Pour aller de l’une à l’autre, aucun visa n’est exigé, un simple laissez-passer suffit. « Ici, à La Petite Barrière, plus de 11 000 personnes vont et viennent tous les jours entre les deux villes », affirme un agent de l’immigration rwandais. Les gens se déplacent autant de fois qu’ils veulent, jusqu’à 20 heures, quand la frontière se ferme côté congolais. Mais ceux qui viennent de localités situées à plus de 30 km de Goma ou de Gisenyi se voient appliquer une réglementation un peu moins souple. « Pour des raisons de sécurité », précise l’agent de l’immigration. Les passeports datant de l’époque de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) sont toujours valables. Si les voyageurs rwandais paient le prix du voyage auprès du Trésor public, les Congolais, pour leur part, le font au poste frontière.
Diane, Rwandaise née à Goma, 23 ans, vit près de « La Petite Barrière ». Plusieurs fois par jour, elle se rend à Goma. « De ma maison, je cause avec mes amis de Goma, explique-t-elle. Nous nous donnons rendez-vous pour déjeuner ensemble. Souvent, quand je fais la cuisine, s’il me manque de l’huile, je laisse la marmite sur le feu pour aller en acheter à Goma. En quelques minutes, le problème est résolu. »
Sa camarade Deborah, étudiante, va se faire belle à Goma. « Je préfère Goma parce que le travail est soigné et c’est moins cher, dit-elle. Quand j’entre dans un salon de coiffure, je paie seulement 7 dollars si j’ai mes propres produits. Autrement, c’est 13 dollars. »
Le chef-lieu du Nord-Kivu est aussi l’endroit idéal pour les jeunes Rwandais qui veulent faire la fête. « À Gisenyi, selon l’un d’eux, les boîtes ne sont ouvertes que le vendredi et le samedi, alors qu’à Goma c’est tous les jours. »

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Jeannette, jeune Congolaise, habite Goma. Mais c’est à Gisenyi qu’elle est étudiante. Elle s’y rend tous les jours, du lundi au vendredi. Choix qu’elle explique par « les excès du bizutage » dans l’enseignement supérieur de son pays. Mireille, 15 ans, Rwandaise, traverse la frontière dans le sens inverse. Elle s’est inscrite dans une école professionnelle d’en face parce que les tarifs sont moins élevés. Installé à Gisenyi, Daddy, jeune Congolais, va travailler tous les matins à Goma, qu’il a quitté « à cause de l’insécurité ».
Des deux côtés, les populations affirment n’avoir aucun problème entre elles.

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