Olmert, capitaine sans cap

Publié le 20 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

Ehoud Olmert a beaucoup de qualités. Le Premier ministre est un ami fidèle, un bon père, et il écoute ceux qui le suivent. Il n’est pas brillant, mais il est intelligent. Il n’est pas profond, mais il est pragmatique. Énergique, consciencieux et maître de lui, Olmert a beaucoup des traits de caractère nécessaires pour être un décideur. Il a aussi une grande virtuosité pour créer des réseaux, les renforcer et les utiliser en cas de besoin.
Olmert est un politique doué et aux ressources multiples. Il sait être charmeur et il sait être menaçant, il sait jouer les hommes du monde, mais aussi garder le contact avec le commun des mortels. Il est peu probable qu’il y ait quelqu’un en Israël avec un tel carnet d’adresses. Il n’a pas son pareil pour courtiser les puissants et copiner avec les coquins.

Et pourtant, le Premier ministre a un défaut qui éclipse toutes ses qualités : il n’a pas de convictions. Il n’a ni vision du monde ni le sens des réalités. Il n’a pas de bases éthiques ni de principes directeurs. Il est creux. Il n’a pas de Tables de la Loi. Au sens le plus profond, il ne sait pas d’où il vient ni où il va. C’est pourquoi il peut dire le contraire de ce qu’il disait la veille sans ciller. Il n’a aucun mal à affirmer une chose et à en faire une autre. Comme il est guidé par l’intérêt plutôt que par la vérité, le Premier ministre est capable de changer de peau et de politique comme un caméléon. C’est pourquoi il sait profiter des occasions et sauver brillamment sa peau, mais il est totalement incapable de faire face aux réalités.
Capitaine sans cap et sans compas, Olmert pousse son opportunisme jusqu’à l’absurde et son pragmatisme jusqu’au point de ne plus savoir où il va. Il soulève les passions et multiplie les tours de passe-passe, fascine à l’occasion. Mais en quarante ans de politique, il n’a guère laissé d’empreinte. Et n’a rien fait de méritoire depuis deux ans qu’il est Premier ministre. C’étaient deux années importantes, où le Premier ministre d’Israël était censé renforcer le pays avant le test historique de la fin de la décennie. Ces deux années-là, il était censé travailler à la paix et se préparer à la guerre. Baliser le terrain pour la division d’Israël et préparer le peuple à se battre pour le pays. Stopper l’Iran, tester la Syrie et mettre le Hamas à quia. Confirmer la légitimité d’Israël en tant qu’État juif et démocratique. Redonner au pays des outils diplomatiques, lui réinsuffler une fierté nationale et une vision d’avenir. Olmert a tout promis et n’a rien fait. En deux ans, aucun progrès n’a été réalisé en politique étrangère et dans le domaine de la sécurité. En politique intérieure – éducation, justice, libéralisation économique, lutte contre les inégalités -, le bilan est lamentable.
Tout n’est pas noir. Les accusations de corruption personnelle n’ont pas été prouvées. Mais par les temps qui courent, l’indulgence à l’égard du pouvoir est un luxe. Israël a besoin aujourd’hui de l’excellence dans tous les domaines, en particulier à la tête de l’État. Olmert n’est pas un leader hors pair et ne le sera jamais. Un homme sans convictions ne peut pas négocier la paix et faire face à l’éventualité d’une guerre. Un homme sans autorité morale ne peut pas être un chef en des temps difficiles. Quelles que soient les qualités personnelles d’Olmert, il n’est pas fait pour être Premier ministre d’Israël. Deux années de plus avec lui à la barre, c’est un pari dangereux.

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