Une journée chargée de G.W. Bush

Publié le 20 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Encore une semaine où l’ami George W. Bush tient le premier rôle sur la scène mondiale, et même l’occupe entièrement.
On nous l’a tellement répété que nous le savons tous, désormais : il se consacre à répandre la liberté dans les pays qui en sont privés. C’est son grand dessein, la mission qui lui a été confiée par Dieu Lui-même.
Et, tenez-vous bien, certains de ses thuriféraires songent sérieusement à le présenter pour… le prix Nobel de la paix, qui sera décerné le 10 décembre prochain.
C’est très étonnant, mais c’est ainsi, et vous en entendrez bientôt parler.

Mercredi dernier 16 mars a été une journée chargée pour lui : il s’est félicité publiquement, et en conférence de presse spéciale, de la tenue de la première réunion de l’Assemblée nationale irakienne, élue le 30 janvier dernier.
Il a pris soin de rappeler que le mérite de cette avancée démocratique lui revenait.
Mais le Wall Street Journal, publication qui habituellement soutient sa politique, écrivait :
Tandis que le magazine hebdomadaire Time, journal qui est également de son bord, commentait :

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Je voudrais, pour ma part, poser deux questions :
La question se pose à propos de l’Italie. Ce même mercredi 16 mars, journée décidément très chargée, cet homme qui a reçu pour mission de répandre la démocratie dans le monde a montré à tous, senza vergogna, ont dit les Italiens, qu’il ne la tolère pas au sein de sa propre coalition.
C’est le malheureux Silvio Berlusconi, président du Conseil italien, qui a été souffleté publiquement. Pressé par son opinion, très hostile à la guerre d’Irak, de rapatrier les 3 000 soldats italiens qu’il y a envoyés pour complaire à son « ami » Bush, angoissé à l’idée de perdre des élections imminentes, il a cru pouvoir annoncer qu’il commencerait à retirer son corps expéditionnaire dans… six mois.
Mal lui en prit : le chef le sermonna au téléphone et le somma de se dédire publiquement le jour même.
Ce qu’il fit, au risque de connaître le sort d’un autre allié de Washington, José María Aznar, que les électeurs espagnols ont remercié il y a tout juste un an…

Le même jour, avant de quitter son bureau et comme pour nous montrer qu’il se fiche complètement de ce que nous tous pensons, Bush annonça au monde que la Banque mondiale, chargée du développement des pays pauvres d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud, aura pour président l’Américain Paul Wolfowitz. Au demeurant très intelligent, l’homme qu’il propose, et dont il ne doute pas un instant qu’il sera accepté, est « un homme de l’ombre ». Tout au long des trois dernières années, il a conçu et exécuté, pour le compte de George W. Bush, la guerre d’Irak.

Aucun des 183 actionnaires de la Banque, pas même l’ensemble européen (28 % du capital de l’institution), n’a été consulté, quatre ou cinq seulement ont été informés quelques instants avant la presse (voir pages 16-17 « L’homme de la semaine », par Jean-Michel Aubriet).
Tous sont abasourdis, mais, vous le verrez, aucun d’eux n’osera « dire au lion qu’il a mauvaise haleine ».
Et, que nous le voulions ou non, la Banque mondiale aura pour président, en juin prochain, Paul Wolfowitz.
Démocratie, vous dis-je.

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