Première audience
Publié le 20 mars 2005 Lecture : 2 minutes.
Alors qu’elle peine à trouver ses marques, la Cour pénale internationale (CPI), qui siège à La Haye, a ouvert, le 15 mars, sa première audience, consacrée aux crimes commis en République démocratique du Congo (RDC). À huis clos, les juges ont entendu le procureur, l’Argentin Luis Moreno, au sujet de l’enquête en cours sur les crimes « graves » commis en Ituri, région minière de l’est de la RDC, en proie, depuis 1999, à des violences politico- ethniques qui ont fait 50 000 morts et 500 000 déplacés. Audience procédurale dite conférence de mise en état, mais qui n’en a pas moins suscité un conflit, Luis Moreno ayant, au départ, émis des doutes sur l’habilité des juges à convoquer une telle audience, objectant que la juridiction risquait de remettre en question son impartialité. Objection rejetée par les juges, au motif que la protection des victimes et des témoins légitimait la procédure.
Compétente, depuis juillet 2002, pour juger les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides, la CPI suscite des interrogations. Aucun de ses « invités » n’a été, à ce jour, accueilli menottes aux poignets, et les valses- hésitations du procureur Moreno sur le dossier RDC déroutent même les ardents défenseurs de la Cour.
En juillet 2004, il jurait de poursuivre les plus hauts responsables, de s’attaquer aux pilleurs de diamants et trafiquants d’armes, avant de réduire ses ambitions à une « politique de poursuite au cas par cas ». « L’on peut s’attendre à un mandat d’arrêt cette année », avait même ajouté un porte-parole en février. Les enquêtes en cours sur les crimes commis en RDC et au nord de l’Ouganda piétinent. À la fois pour des raisons de moyens, juste une poignée d’enquêteurs pour un pays de 2 300 000 km2, et à cause d’une instruction à la frontière du politique et du judiciaire. Entre les diplomates, adeptes d’une justice de compromis, des victimes qui espèrent réparation et des pays hostiles comme les États-Unis, la CPI cherche sa place. Son procureur a ouvert d’autres enquêtes sur des exactions présumées commises en Ouganda, en Côte d’Ivoire…
