Corruption à la pelle

Publié le 20 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

C’est sur le monde du bâtiment que Transparency International (TI) a choisi cette année de braquer ses projecteurs. « Du projet hydraulique des hauts plateaux du Lesotho à la reconstruction d’après-guerre en Irak, nulle part ailleurs la corruption n’est aussi enracinée que dans le secteur du bâtiment et des travaux publics », a souligné, lors de la présentation du Rapport 2005, le 16 mars, le président de l’ONG, Peter Eigen. Le montant des commissions et pots-de-vin versés dans le cadre des marchés publics internationaux s’élèverait ainsi à quelque 300 milliards de dollars, soit environ 10 % des sommes totales brassées annuellement par les acteurs du BTP.
Il est vrai que ce marché réunit des conditions propices aux malversations : concurrence féroce, multiplicité des intervenants habilités à délivrer certificats et autorisations officiels, opacité des projets…

L’avocat camerounais Akere Muna s’inquiète des conséquences du phénomène, notamment dans les pays en développement. Non seulement la corruption accroît les coûts des infrastructures, et creuse de fait la dette des pays concernés, mais elle réduit aussi la qualité des constructions et met en danger des vies humaines. Comme l’écrit l’un des rédacteurs du rapport, les « tremblements de terre ne tuent pas, l’effondrement des immeubles, si ».
L’ONG met également en exergue les dérives observées dans un contexte d’après-guerre, où les structures de l’État sont affaiblies et les marchés parallèles en plein développement, alors que les aides financières sont abondantes. L’Irak est à ce titre tristement exemplaire avec le scandale du programme financé par les Nations unies « Pétrole contre nourriture » ou les facilités dont bénéficient les entreprises proches de l’administration Bush, telles que Halliburton et Bechtel. « Si des mesures ne sont pas prises rapidement, l’Irak ne va pas devenir le brillant modèle de démocratie rêvé par l’administration Bush, il correspondra juste au plus grand scandale de corruption de l’Histoire », prévient TI, qui, outre un rapport annuel sur un thème précis, publie chaque année un indice annuel de la perception de la corruption.
Pour tenter de limiter, voire d’éradiquer, la corruption dans la construction, Transparency a défini un « pacte d’intégrité ». Encore faut-il employer des moyens dissuasifs, comme la création d’une liste noire des entreprises fautives. Mais Thierry Beaugé, spécialiste des marchés publics au sein de l’antenne française, est aussi conscient que « la réglementation ne règle pas tout. C’est sur les comportements qu’il faut agir ».

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