Triste Côte d’Ivoire

Publié le 20 février 2005 Lecture : 1 minute.

« La Côte d’Ivoire est devenue un pays de charniers ! » Cette petite phrase, nonchalamment prononcée par un chauffeur de taxi, m’a frappé au coeur, car j’aime ce pays – j’y ai travaillé vingt-cinq ans. Le dernier rapport des Nations unies, publié début février, confirme, hélas ! ces propos. Autrefois vantée, parfois enviée pour ses progrès et sa sagesse, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui considérée, dans les pays subsahariens que j’ai visités, comme un pays en déclin. Est-il possible que le jeu politique ait été à ce point dénaturé ? Est-il possible que des hommes d’État intelligents laissent leur pays se désagréger ? C’est incroyable.
Sous la présidence de feu Félix Houphouët-Boigny, on répétait aux enfants des écoles que « la paix n’est pas un mot, c’est un comportement ». Aujourd’hui, elle n’est plus qu’un mot. Le comportement, c’est la guerre.
La première condition pour un retour à la paix, c’est évidemment que cessent les appels à la confrontation, les incitations à la haine et à la vengeance qu’on entend au sein de tous les partis et même, hélas ! dans la hiérarchie catholique. Le second préalable est que chacun reconnaisse sa part de responsabilité dans la conjoncture actuelle. Les ex-rebelles ont agressé le pouvoir légal. N’y avait-il aucun autre moyen de lutte ? Le gouvernement a-t-il exercé son pouvoir dans un esprit de concorde et de vérité ? Les Français sont intervenus militairement. Était-ce proportionné et respectueux envers les populations ? Chaque homme politique serait-il prêt à s’effacer, si c’était la condition d’un retour à la paix et au progrès ? Les Nations unies et l’Union africaine aident la Côte d’Ivoire à se rassembler. Mais seuls les Ivoiriens eux-mêmes peuvent rétablir la paix dans leur esprit et dans leur pays. Il est temps qu’elle redevienne, pour tous, un comportement et non un mot vide de sens.

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