Cure d’amaigrissement

Le budget 2005 accuse un déficit de près de 13 %.

Publié le 20 février 2005 Lecture : 2 minutes.

La situation économique de la Côte d’Ivoire n’en finit plus de se détériorer. Au point que le ministre de l’Économie et des Finances, Paul-Antoine Bohoun Bouabré, a eu beaucoup de difficultés à boucler son dernier projet de loi de finances. Ce document n’a été adopté en Conseil des ministres que le 10 février, alors qu’il l’est habituellement en décembre. Il prévoit une enveloppe qui devrait s’élever à 1 735 milliards de F CFA (2,7 milliards d’euros) en 2005 au lieu de 1 987 milliards (3 milliards d’euros) en 2004. Soit une baisse sensible, de 12,7 %, au moment où les pouvoirs publics ont besoin de ressources supplémentaires pour financer la relance des activités, l’enseignement, les infrastructures, l’agriculture, la santé et les actions sociales. Cette baisse est la conséquence directe de la forte dégradation du climat politique depuis 1999, le coup de grâce ayant été porté par les pillages et les saccages des outils de production par les « Jeunes patriotes » en novembre dernier. Ces journées ont occasionné le départ de près de 8 000 Français, la fermeture de nombreuses entreprises et la suppression de quelque 30 000 emplois. Le coût des réparations des sociétés endommagées est estimé à 150 milliards de F CFA (22,5 millions d’euros). Mais surtout, les activités connaissent un net déclin depuis trois mois. Pour l’État, ce sont autant de recettes douanières et fiscales en moins qui viennent s’ajouter aux diverses mesures d’allègements des charges des entreprises (impôt foncier, impôt sur les sociétés, taxe sur la valeur ajoutée…) prévues dans le cadre du programme de relance. Cherchant à reprendre d’une main ce qu’elles vont perdre de l’autre, les autorités ont concocté à la va-vite un plan de lutte contre la fraude fiscale. Objectif : augmentation de 1,5 % des recettes, 1 269,8 milliards de F CFA, en 2005. La pression sur les entreprises risque donc de s’accroître, ce qui promet une belle foire d’empoigne avec les organisations patronales, qui attendent plutôt de nouveaux coups de pouce.
Les pouvoirs publics ont également prévu de faire des économies. Les dépenses devraient connaître une baisse de 6 %, à 1 482 milliards. Ce qui sera difficile à réaliser à cause notamment de l’engagement de l’État d’organiser les élections en octobre et de financer les partis politiques. La direction de l’économie n’a pas voulu commenter ce budget dans le détail ni donner le montant des ressources et des exonérations prévues pour les opérateurs économiques ayant subi des dommages en novembre. Mais, pour beaucoup, le pays devrait laisser courir, une nouvelle fois, son endettement, qui a atteint la somme record de 5 816,4 milliards de F CFA en fin d’année.

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