Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 5 minutes.

Quand la fiction se matérialise…
Dans le J.A.I. n° 2082 du 5 au 11 décembre 2000, Valérie Thorin nous proposait le discours qu’aurait pu tenir le président Félix Houphouët-Boigny à la suite de l’arrivée de Laurent Gbagbo à la tête de l’État ivoirien. La réalité est bien là. C’est triste, mais votre journaliste avait raison sur toute la ligne. Je tiens pour ma part à rappeler aux soldats loyalistes et rebelles que ce sont eux qui tomberont pendant que leurs leaders se la couleront douce. Honte à vous dirigeants ivoiriens ! Réveille-toi, peuple ivoirien !

À qui la faute ?
Dans le cas ivoirien, la faute de la France a consisté à rendre justice elle-même en lieu et place de l’Onuci. Lors des affrontements d’Abidjan, le nombre de morts a été somme toute limité par rapport au péril encouru par les ressortissants français du fait de l’extrémisme des « patriotes ». Que dire du gouvernement ivoirien qui, dans le cadre d’un simple maintien de l’ordre, a fait tuer plus de 150 manifestants pacifiques ? N’est-ce pas le pouvoir qui a banalisé la valeur du citoyen ivoirien avec ces tueries commises en toute impunité ?

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Intolérable
Il est insupportable que les Français aient imposé à Laurent Gbagbo – prétendu président « mal élu » – un accord politique faisant la part belle à la bande de Guillaume Soro qui, certainement, n’en attendait pas autant. Intolérable que les Français aient tué de malheureux civils ivoiriens ainsi que semble le confirmer l’enquête publiée dans J.A.I. n° 2291. Inadmissible que ce soit lors d’un sommet tenu au Burkina que la France ait arraché à la communauté africaine une condamnation unanime de la Côte d’Ivoire. Injustifiable que tout cela se fasse à l’heure du Nepad, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, plus de quarante ans après les indépendances africaines. L’Afrique reste une colonie.

Égalité des chances
Le système de CV anonyme actuellement proposé en France en vue de résorber les discriminations à l’embauche est effectivement spectaculaire, comme l’a souligné J.A.I. dans son n° 2290. Ce serait un pas de géant dans la lutte pour l’intégration sociale des personnes dites de la « minorité visible ». Même si une telle mesure est porteuse d’espérance, il y a encore à mon avis du chemin à faire. En effet, si cette méthode offre une chance au candidat d’être convoqué pour un entretien, elle ne garantit pas son embauche. Il faut un changement véritable de mentalité dans la société française pour que l’égalité des chances ne soit plus un vain mot.

Gbagbo hors jeu
Je partage l’analyse de B.B.Y. dans son éditorial du J.A.I. n° 2290 sur la situation en Côte d’Ivoire et son devenir. Laurent Gbagbo doit être mis hors jeu. Il n’a fait que perdre du temps au pays durant ces quatre dernières années.

Précisions sur l’armée française
Je lis avec beaucoup d’intérêt vos articles sur les événements qui se déroulent actuellement en Côte d’Ivoire, car on y apprend souvent des choses qu’on ne lit pas dans les autres médias. C’est pourquoi je me permets d’apporter quelques compléments à l’article de François Soudan publié dans le n° 2291. À ma connaissance, l’opération Barracuda, précédée quelques heures auparavant de l’opération Caban, menée en Centrafrique en septembre 1979, s’est faite à l’encontre de Jean-Bedel Bokassa. Ensuite, je ne crois pas que c’était la première fois que la France perdait autant d’hommes en Afrique depuis 1962. On oublie toujours que notre pays a mené entre 1969 et 1972 une véritable guerre au Tchad, guerre qui fit une cinquantaine de morts parmi les forces françaises. Il y eut en particulier à Bedo, le 11 octobre 1970, un affrontement qui fit douze tués, dont deux officiers. Puis ce furent les opérations Tacaud, Manta et Épervier qui dure depuis.
Vous mentionnez dans l’article que deux frégates La Fayette et La Foudre ont leurs canons pointés vers le rivage. La Foudre est un transport de chalands de débarquement avec, si on en croit les communiqués de la défense, 250 hommes, du matériel blindé (AMX 10RC et VAB) et des hélicoptères. La frégate dispose d’un canon antiaérien, mais surtout de missiles Aster. Militairement parlant, l’ère de la « canonnière » est terminée. Enfin, vous dites que les militaires français « sont mal entraînés pour le maintien de l’ordre ». Pourtant, depuis les événements de Mitrovica, l’armée de terre forme et entraîne ses hommes au contrôle et à la maîtrise des foules, avec l’aide de la gendarmerie mobile. Ainsi que vous le soulignez, la France est prise dans le piège de ses contradictions. Tous les officiers ivoiriens, à commencer par le colonel de gendarmerie Bi Poin, ont été formés par la France. Nous avions, jusqu’en 2000, 37 coopérants militaires auprès des forces armées ivoiriennes et de la gendarmerie qui s’entraînaient avec le 43e Bima. Faut-il évoquer les accords de défense et leurs « clauses secrètes » ? Je m’étonne enfin que la France, avec les moyens de renseignements dont elle dispose, ait pu laisser le président Gbagbo déclencher son offensive sans réagir. Il y a là de nombreuses zones d’ombre que vous contribuerez certainement à éclaircir.

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Racisme ordinaire
Je m’adresse à vous, car j’ai toujours apprécié votre souci d’équité et votre désir de faire avancer la vérité. Fin octobre, alors que nous revenions du Niger en direction de Casablanca à bord d’un vol d’une compagnie algérienne, ma soeur et moi avons été victimes d’actes d’humiliation et de racisme. De l’équipage jusqu’à la police, en passant par le chef du service d’escale, qui fut particulièrement virulent, personne n’a calmé la situation. Tout cela à cause d’une altercation avec une hôtesse pour un problème de bagage qui aurait pu se régler à l’amiable. Ils nous humilièrent, nous firent débarquer et brutalisèrent et menottèrent ma soeur. Ils nous firent perdre deux jours en salle de transit. Je vous écris afin de faire savoir que ce genre de choses a lieu et qu’il faut tout faire pour éviter qu’elles se répètent.

Yopougon, quatre ans après
Il y a quatre ans, le 27 octobre 2000, quelques jours après l’élection mouvementée de Laurent Gbagbo, 57 corps, criblés de balles, ont été découverts à Yopougon, dans la banlieue nord-ouest d’Abidjan (J.A.I. nos 2155 et 2156). C’était le point de départ du cycle de violence qui allait diviser le pays. Les présumés gendarmes responsables de ces meurtres sont restés introuvables et ce malgré la pression de multiples organisations internationales. Fraternité Matin a indiqué que les témoins oculaires de ce carnage ont été systématiquement pourchassés et/ou tués. Cela traduit le vrai visage du régime du président Gbagbo, qui a érigé la dictature comme système de gouvernement. La prochaine élection présidentielle, prévue en 2005, n’augure pas un avenir meilleur pour les Ivoiriens, vu la détermination du président Gbagbo à se maintenir au pouvoir par tous les moyens.

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Fausse note
Lecteur assidu de J.A./L’intelligent depuis plusieurs années, j’ai remarqué que votre hebdomadaire, et spécialement Béchir Ben Yahmed, est d’une indulgence étonnante à chaque fois qu’il s’agit de parler de la Tunisie. Ainsi, le « Ce que je crois » du n° 2291 (« Performances ») aurait été tellement plus convaincant s’il ne se terminait sur une fausse note. Classer l’actuel président de la Tunisie dans la catégorie des Senghor, Mandela et Bourguiba est en effet pour le moins « culotté ».

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